Éric Lombard : Pourquoi le nouveau ministre de l’Économie va vous faire perdre de l’argent dès février ?

Entrevue 1

Nommé à la surprise générale, Éric Lombard, 66 ans, a pris les rênes de Bercy sous le gouvernement de François Bayrou. Inconnu du grand public, il fait pourtant une entrée remarquée avec une annonce qui ne passe pas inaperçue : la baisse imminente du taux du Livret A, une mesure qui pénalisera directement les épargnants français.

Avant de s’installer à Bercy, Éric Lombard dirigeait la puissante Caisse des dépôts et consignations (CDC), un organisme opaque pour beaucoup de Français mais stratégique pour la gestion des épargnes nationales, notamment le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS). C’est dans ce cadre qu’il a récemment confirmé une décision qui frappe au portefeuille : le taux du Livret A, bloqué à 3 % depuis août 2023, sera révisé à la baisse, autour de 2,5 %, à compter du 1er février 2025.

Pour les Français moyens qui comptent sur cette épargne pour résister à l’inflation, cette décision est un coup dur. En moyenne, un épargnant possédant 5 000 € sur son Livret A perdra 23 € d’intérêts annuels. Une somme modeste en apparence, mais qui illustre une politique où les sacrifices semblent toujours peser sur les classes moyennes et populaires.

Un libéral au discours ambigu

Sous des airs de réformiste, Lombard porte un discours souvent ambigu. Dans son essai publié en 2022, Au cœur de la finance utile. À quoi sert votre épargne ?, il critiquait les excès du capitalisme tout en soutenant des mesures favorisant le secteur financier. Se réclamant de Michel Rocard tout en évoquant son héritage industriel familial, il vantait un « capitalisme social » et regrettait l’inégalité croissante entre revenus du travail et revenus du capital.

Pourtant, ses actes trahissent un alignement sur les intérêts des puissants. En 2023, alors qu’il dirigeait la CDC, il soutenait l’idée d’utiliser l’épargne des Français pour financer la relance du nucléaire, proposant des prêts à long terme pour construire de nouvelles centrales. Si le projet peut paraître stratégique pour l’indépendance énergétique, le détournement des économies des Français sans leur consentement pose question.

Un ministre en rupture avec le peuple

Éric Lombard affiche un penchant pour le dialogue théorique mais semble peu enclin à une véritable concertation. Sur la réforme des retraites, il critiquait en 2022 l’approche « big bang » du gouvernement Philippe, regrettant le manque de pédagogie et de négociation. Mais aujourd’hui, il semble déterminé à réduire les déficits publics sans épargner ceux qui subissent déjà une crise du pouvoir d’achat.

Le nouveau ministre se présente comme un gestionnaire, mais les Français voient déjà en lui un symbole d’une politique déconnectée de leurs réalités. Alors que l’inflation frappe les produits de première nécessité et que les impôts indirects augmentent, les premières décisions de Lombard laissent entrevoir une continuité dans l’injustice sociale.

Avec Éric Lombard à Bercy, le gouvernement Bayrou envoie un message clair : la priorité est donnée à la rigueur budgétaire et à la complicité avec les grandes institutions financières. Les Français, eux, doivent s’attendre à de nouveaux sacrifices. Dans un contexte de crise économique, ce choix stratégique semble bien loin des aspirations à un redressement national basé sur la souveraineté et la défense des intérêts populaires.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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