Dans une interview au Figaro, Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, a annoncé sa décision de quitter la présidence du parti Les Républicains (LR), ainsi que le mouvement lui-même, marquant un tournant important dans sa carrière politique. Moins d’un mois après avoir lancé l’Union des droites pour la République (UDR), Ciotti explique les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision radicale.
Éric Ciotti déclare qu’il prend acte de ce qu’il considère comme la « dissolution de l’état-major des Républicains dans la macronie ». Pour lui, le gouvernement actuel n’est pas un gouvernement de cohabitation, mais bien un gouvernement macroniste où certains membres des LR ne sont que des « alibis ». Il exprime sa déception face à l’incapacité de Michel Barnier à s’imposer dans ce contexte, bien qu’il ait nourri des espoirs à cet égard.
Ciotti affirme qu’il ne se désolidarise pas de l’héritage gaulliste, mais qu’il refuse de rester dans un parti qu’il considère compromis. Selon lui, cette rupture n’est pas un reniement de son parcours personnel ni de l’histoire des Républicains, un parti qui, rappelle-t-il, a toujours combattu le socialisme et ses dérivés, dont le macronisme.
En lançant l’UDR, le 31 août à Levens, Éric Ciotti ambitionnait de « transformer » les Républicains. Cependant, il estime désormais qu’il est impossible de travailler avec ceux qui sont actuellement au gouvernement, les accusant d’avoir cédé à Emmanuel Macron. Il souligne néanmoins que certains élus qu’il juge « talentueux », tels que David Lisnard, François-Xavier Bellamy ou Laurent Wauquiez, n’ont pas succombé à ce qu’il appelle la « caricature grotesque » d’un ralliement à Macron.
L’ancien président de LR critique également la disparition des ministères de l’Immigration et de la Laïcité, qu’il qualifie de symboles d’une capitulation face aux exigences macronistes.
Une scission politique assumée
Éric Ciotti voit dans sa démission une opportunité de refonder une famille politique sur des bases claires et indépendantes. Il espère ainsi créer une véritable alternance à droite, en rompant définitivement avec ce qu’il considère comme « l’impuissance macroniste ». Il appelle les élus, militants et parlementaires à rejoindre son mouvement UDR, soulignant que cette initiative compte déjà plus de 10 000 adhérents, surpassant potentiellement le nombre de membres des Républicains.
En ce qui concerne Michel Barnier, Ciotti révèle qu’il n’a eu aucun contact avec lui depuis sa nomination en tant que Premier ministre, malgré des échanges préalables. Il déplore que Barnier n’ait pas consulté l’UDR ni le Rassemblement National (RN), en dépit des 11 millions d’électeurs qu’ils représentent aux législatives. Ciotti interprète cette absence de dialogue comme un signe de mépris, contrastant avec la réception de partis comme les communistes ou EELV.
Quant à Laurent Wauquiez, Ciotti mentionne que ce dernier a pris acte de son départ. Il exprime néanmoins son regret que Wauquiez n’ait pas adhéré à son projet d’union des droites, estimant que cela aurait permis à la droite de conquérir le pouvoir.
Une opposition déterminée
Pour Ciotti, les membres de LR nommés au gouvernement, comme Bruno Retailleau, n’auront que peu de marge de manœuvre face à Emmanuel Macron. Il considère ce gouvernement comme un prolongement du « en même temps » cher au président, et reste sceptique quant à la capacité de Retailleau à inverser la tendance en matière de sécurité et de flux migratoires.
Ciotti reste cependant confiant quant à l’avenir de son mouvement, qui repose sur trois piliers : l’autorité, l’identité et la liberté. Il annonce également que son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement européen continuera de porter des propositions audacieuses, notamment en matière de fiscalité et d’immigration. Parmi elles, il mentionne la suppression des allocations familiales et logements pour les étrangers arrivant en France.
Avec cette démission, Éric Ciotti entame une nouvelle étape de sa carrière politique en se détachant des Républicains pour se concentrer sur l’UDR. Il espère que ce mouvement permettra de redéfinir une droite forte et indépendante, capable de s’opposer à ce qu’il appelle « le socialisme macroniste ». Reste à savoir si cette scission entraînera une recomposition durable du paysage politique à droite.