Le réacteur EPR de Flamanville a franchi une étape cruciale ce lundi 2 septembre 2024, marquant un tournant dans l’histoire de l’énergie nucléaire en France. Après 12 ans de retard et de nombreux défis techniques, EDF a reçu l’autorisation de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour procéder à la première réaction nucléaire du réacteur.
Un EPR (European Pressurized Reactor) est un réacteur nucléaire de troisième génération conçu pour améliorer la sûreté, l’efficacité et la production d’énergie par rapport aux réacteurs précédents. Il est capable de produire 1 600 MW d’électricité, avec des systèmes de sécurité renforcés.
Le début d’une nouvelle ère
À 17 heures, l’ASN a donné son feu vert à EDF pour lancer la divergence, c’est-à-dire la première fission nucléaire, permettant ainsi d’amorcer la production d’électricité. Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire d’EDF, a souligné le caractère historique de ce moment, annonçant que les équipes de Flamanville étaient prêtes à engager cette étape cruciale.
Les opérations de divergence devraient durer plusieurs dizaines d’heures, avec une montée en puissance progressive du réacteur jusqu’à ce qu’il atteigne 25 % de sa capacité, prévue d’ici la fin de l’automne. À ce stade, l’EPR commencera à injecter ses premiers électrons sur le réseau électrique français. Toutefois, atteindre 100 % de la puissance nominale, soit 1600 mégawatts, prendra encore plusieurs mois.
Un projet jalonné de défis
Le chantier de l’EPR de Flamanville, lancé en 2007, a été marqué par des retards successifs et des dépassements de budget considérables. Initialement estimé à 3,3 milliards d’euros, le coût total du projet a grimpé à 13,2 milliards d’euros, en partie en raison de nombreux problèmes techniques tels que des fissures dans le béton, des anomalies dans l’acier de la cuve, et des défauts de soudure.
Malgré ces défis, EDF espère tirer parti des leçons apprises sur ce chantier pour améliorer la construction des futurs réacteurs EPR 2, tant en France qu’à l’étranger. L’objectif est désormais d’acquérir les compétences nécessaires pour maîtriser pleinement l’industrialisation de ces technologies.
Une nouvelle contribution à l’énergie française
Lorsque l’EPR de Flamanville atteindra sa pleine capacité, il devrait être capable d’alimenter environ trois millions de foyers, renforçant ainsi la capacité de production d’énergie nucléaire en France. EDF envisage que le réacteur fonctionnera à pleine puissance pendant environ 18 mois avant de subir une révision complète, incluant le remplacement préventif de son couvercle de cuve.
L’achèvement de ce projet après 17 ans de construction marque la fin d’un chapitre complexe pour EDF, mais ouvre la voie à une nouvelle ère pour l’énergie nucléaire en France. Avec le démarrage de l’EPR de Flamanville, EDF franchit une étape décisive dans la sécurisation de l’approvisionnement énergétique du pays, tout en posant les bases d’une future expansion de son parc nucléaire.