Ce lundi 23 septembre 2024 marque le début officiel du nouveau gouvernement formé par Michel Barnier. Après plusieurs semaines de consultations, les cérémonies de passation des pouvoirs se déroulent tout au long de la matinée, avant un premier Conseil des ministres prévu à 15 heures sous la présidence d’Emmanuel Macron.
Les 39 ministres et secrétaires d’État, majoritairement issus de la macronie et des Républicains, ont été convoqués dès 8 heures à Matignon pour un « petit-déjeuner gouvernemental ». Après cet accueil formel, chacun rejoindra son ministère pour les traditionnelles passations de pouvoir. Antoine Armand a déjà succédé à Bruno Le Maire au ministère de l’Économie ce dimanche, ouvrant la voie aux cérémonies de ce matin, qui concernent notamment les ministères de la Justice, de l’Intérieur, des Affaires étrangères, et de l’Éducation.
Une gouvernance sous pression
Dès son entrée en fonction, Michel Barnier doit composer avec les tensions au sein de sa majorité et les critiques venues de l’opposition. Le Premier ministre a réaffirmé, lors de sa première intervention télévisée ce dimanche sur France 2, sa volonté de travailler « dans la plus grande cohésion » avec Emmanuel Macron, tout en défendant l’idée que certains domaines de compétence doivent être « partagés », et non réservés exclusivement au président de la République. Barnier a insisté sur la nécessité de compromis pour assurer une gouvernance stable.
Les premiers défis qui attendent le nouveau gouvernement sont nombreux, à commencer par l’élaboration du budget 2025, retardé et pressé par un contexte économique tendu. Barnier a promis de ne pas alourdir la fiscalité sur l’ensemble des Français, tout en indiquant que « les plus riches doivent prendre part à l’effort de solidarité ». Il s’est toutefois abstenu de se prononcer sur un éventuel rétablissement de l’ISF, une revendication de la gauche.
Des lignes rouges sociales et sociétales
Concernant les questions de société, Michel Barnier a voulu rassurer en promettant que les lois fondamentales, telles que celles sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), le mariage pour tous, ou encore l’assistance médicale à la procréation (PMA), seraient « intégralement préservées ». Cette déclaration fait écho aux inquiétudes soulevées par la présence dans son gouvernement de figures conservatrices comme Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur.
Barnier s’est également engagé à revoir la réforme des retraites, une question particulièrement sensible. Mais cette promesse n’a pas suffi à apaiser l’opposition. Clémence Guetté, vice-présidente de l’Assemblée nationale et membre de La France insoumise, a déploré l’absence de mesures concrètes contre la pauvreté et l’inaction face à l’urgence écologique.
Le gouvernement fait ainsi face à une première menace de censure : le Nouveau Front populaire, conduit par les socialistes, a annoncé qu’une motion sera déposée après la déclaration de politique générale de Barnier, prévue le 1er octobre. Toutefois, Olivier Faure, leader du PS, admet que cette initiative a peu de chances d’aboutir sans le soutien du Rassemblement national, qui semble pour l’instant réticent à voter en faveur d’une telle motion.
Un début délicat pour un gouvernement fragile
Ce premier Conseil des ministres s’annonce donc décisif pour Michel Barnier, dont la capacité à maintenir une cohésion entre la droite et la macronie sera mise à l’épreuve. Avec un programme de réformes sociales et économiques sous haute surveillance, le nouvel exécutif est d’ores et déjà confronté à des critiques virulentes et à la menace de déstabilisation politique.