Le Conseil de Paris a validé mardi le budget 2025 de la capitale, marqué par une hausse importante de la dette et des débats houleux avec l’opposition.
Le budget 2025, d’un montant total de 11,3 milliards d’euros, a été adopté par le Conseil de Paris, sous la houlette de la maire socialiste Anne Hidalgo. Ce dernier exercice complet de son mandat, débuté en 2014, prévoit notamment 1,7 milliard d’euros pour les investissements et consacre une part significative des dépenses à des enjeux sociaux et environnementaux.
Une dette en forte augmentation
L’endettement de la capitale atteint des sommets, prévu à 9,3 milliards d’euros à fin 2025 et susceptible de dépasser les 10 milliards d’euros en 2026. Une augmentation qui reflète une hausse spectaculaire depuis 2015. Si Anne Hidalgo défend un budget qui répond aux « urgences climatiques » et soutient les classes moyennes ainsi que les populations vulnérables, ses choix financiers cristallisent les critiques.
« Ce budget agit avec ambition face à l’urgence climatique et pour la justice sociale », a-t-elle déclaré, en insistant sur les investissements en logements sociaux et en santé. Plus de 2,7 milliards d’euros, soit un quart des dépenses totales, seront dédiés à des programmes de solidarité : aide sociale à l’enfance, soutien aux personnes âgées et développement des crèches.
L’adoption de ce budget intervient dans un climat politique tendu, marqué par la censure du gouvernement de Michel Barnier et la nomination de François Bayrou comme Premier ministre. L’absence de projet de loi de finances pour 2025 renforce l’incertitude. L’exécutif parisien a rappelé que le budget initial de l’ancien gouvernement prévoyait une « ponction » de 5 milliards d’euros sur les collectivités territoriales, un manque à gagner estimé à 320 euros par famille parisienne.
L’opposition vent debout
Les critiques de l’opposition ont été virulentes. Delphine Bürkli, du groupe Modem et Indépendants, a dénoncé des choix « hypothéquant l’avenir des Parisiens », citant les retards dans les plans pour le vélo et les arbres. Maud Gatel, présidente du groupe, a alerté sur des charges de dette atteignant 225 millions d’euros en 2025, soit la moitié des fonds jugés nécessaires pour adapter la ville au changement climatique.
Du côté des Républicains, Geoffroy Boulard (Union Capitale) a réclamé une baisse de 500 millions d’euros de la taxe foncière, augmentée de 52 % en 2023, estimant que les « faibles marges de manoeuvre » menacent le plan climat 2024-2030.
Rachida Dati, co-présidente du groupe Changer Paris et candidate aux municipales de 2026, a qualifié la trajectoire budgétaire d’« insoutenable », prédisant de nouvelles hausses d’impôts.
Les défis d’un héritage controversé
Face à ces critiques, Anne Hidalgo a riposté en comparant la dette parisienne à celle de l’État français, qui s’élève à 3.000 milliards d’euros. « Ceux qui nous accusent de mauvaise gestion devraient balayer devant leur porte », a-t-elle lancé.
Pour Pierre Madec, économiste à l’OFCE, il faut « évaluer le bilan de la maire à l’aune des investissements qu’elle a réalisés », notamment en matière de transition énergétique et de qualité de vie des habitants. Christian Escallier, expert en finances locales, souligne que Paris a été « étranglée par les prélèvements de péréquation » entre collectivités dans les années 2010, ce qui a accéléré la progression de la dette.
Néanmoins, selon cet expert, « la principale erreur de la municipalité a été de ne pas relever les impôts plus tôt ». Malgré l’augmentation récente, la taxe foncière parisienne reste l’une des plus modérées des grandes villes françaises.