Vladimir Poutine a ouvert sa grande conférence de presse annuelle ce jeudi en reconnaissant que l’inflation galopante, atteignant 8,9 % en novembre, représente un « signal préoccupant » pour l’économie russe. Toutefois, le président a cherché à rassurer sur la « stabilité » globale de la situation économique.
« L’inflation est un signal préoccupant », a-t-il admis, tout en affirmant que le maintien des indicateurs macroéconomiques pourrait permettre de contrôler la situation. Les autorités russes visent pourtant une inflation annuelle de 4 %, un objectif largement dépassé cette année. Cette augmentation des prix est en partie attribuée à des facteurs structurels, notamment l’envolée des dépenses militaires liées à la guerre en Ukraine, les sanctions occidentales et une hausse généralisée des salaires. Le marché du travail russe, confronté à une pénurie de main-d’œuvre, pousse les entreprises à offrir des rémunérations plus élevées, alimentant une spirale inflationniste.
Une hausse attendue des taux directeurs
Cette déclaration intervient à la veille d’une réunion cruciale de la Banque centrale de Russie (BCR), qui pourrait relever son taux directeur, actuellement fixé à 21 %, un record depuis 20 ans. Les analystes prévoient une augmentation de un à deux points de pourcentage, malgré les protestations de plusieurs grands patrons russes qui jugent cette mesure « contre-productive » pour les investissements et la croissance.
Malgré ces tensions, Vladimir Poutine a maintenu que l’économie russe restait « stable » face aux « menaces extérieures et tentatives d’influence ». Selon lui, le produit intérieur brut (PIB) devrait enregistrer une hausse de « 3,9 %, voire 4 % » en fin d’année. Cependant, les prévisions pour 2025 s’annoncent bien moins optimistes, la BCR tablant sur une croissance comprise entre 0,5 % et 1,5 %.
L’économie russe montre des signes d’essoufflement après avoir résisté trois années durant aux sanctions occidentales. L’inflation persistante rogne le pouvoir d’achat, tandis que la chute du rouble face au dollar et à l’euro pèse sur les importations. Le dollar s’échange actuellement à plus de 100 roubles, un niveau inédit depuis mars 2022.
Une année marquée par la guerre et des tensions géopolitiques
Cette conférence de presse intervient alors que l’offensive russe en Ukraine se poursuit avec une intensité inédite. Selon des sources proches du Kremlin, les troupes russes avancent sur le front est, profitant d’une armée ukrainienne épuisée par trois années de conflit et un approvisionnement occidental en armements devenu insuffisant.
Ce rendez-vous médiatique, soigneusement orchestré, survient également à un mois du retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Certains observateurs y voient une fenêtre pour relancer des discussions sur un possible processus de paix en Ukraine. En résumé, si Vladimir Poutine s’est voulu rassurant sur la solidité économique du pays, les défis à venir demeurent majeurs, entre inflation tenace, pressions extérieures et incertitudes géopolitiques.