« En l’état, ce sera la censure »: Marine Le Pen se dit déçue de son échange avec le Premier ministre
Le Premier ministre Michel Barnier joue gros cette semaine, alors qu’il reçoit les chefs de groupes parlementaires pour tenter de trouver des compromis sur le projet de budget 2025. Parmi ses interlocuteurs, Marine Le Pen, cheffe des députés du Rassemblement national (RN), a marqué ce lundi son scepticisme face aux propositions du gouvernement, brandissant une nouvelle fois la menace d’une motion de censure.
Un dialogue de sourds à Matignon
À l’issue de son entretien d’une heure avec Michel Barnier à Matignon, Marine Le Pen s’est montrée peu convaincue. « Le Premier ministre m’est apparu courtois mais campé sur ses positions », a-t-elle déclaré. La cheffe du RN affirme avoir réitéré « pour la énième fois » les lignes rouges de son groupe, notamment le rejet catégorique d’une augmentation des taxes sur l’électricité et le refus de mesures budgétaires qu’elle estime défavorables au pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes.
Pour Marine Le Pen, le projet de budget actuel est « inadmissible ». Elle critique également l’absence de mesures fortes dans des secteurs cruciaux comme l’agriculture et accuse le gouvernement de ne pas aller assez loin sur les économies liées à l’immigration.
Marine Le Pen a réaffirmé que, sans modifications significatives du budget dans les semaines à venir, son groupe votera une motion de censure. « En l’état, ce sera la censure », a-t-elle prévenu. Une telle démarche pourrait se révéler fatale pour Michel Barnier, qui gouverne sans majorité absolue.
Le spectre d’une alliance de circonstance entre le RN et les forces de gauche inquiète Matignon. Ensemble, leurs voix totalisent 320 députés, soit bien au-delà des 289 nécessaires pour renverser le gouvernement. « Nous ne prenons personne de court. Nous sommes loyaux dans notre démarche politique. Nous défendons les Français », a insisté Marine Le Pen.
Vers un bras de fer prolongé
Michel Barnier, de son côté, s’efforce de calmer le jeu tout en restant ferme. En cas de blocage, il pourrait recourir à l’article 49.3 pour imposer le budget sans vote. Mais cette option ouvrirait la porte à une motion de censure. Le Premier ministre a également mis en garde contre les conséquences d’un rejet du budget, affirmant que cela conduirait à l’application automatique de celui de l’année dernière.
Marine Le Pen ne semble pas prête à fléchir. Elle a qualifié le budget 2024, qui resterait en vigueur en cas de censure, de « moins mauvais » que le projet actuel. En parallèle, elle a rappelé son opposition à toute forme de gouvernement issu du « Nouveau Front populaire », qu’elle considère comme illégitime.
Alors que les consultations se poursuivent cette semaine, le dialogue reste tendu entre Michel Barnier et ses oppositions. Si aucun compromis n’est trouvé, la mi-décembre pourrait marquer un tournant décisif pour le gouvernement actuel, dont la survie politique est plus que jamais incertaine.