Emmanuel Macron face à l’urgence de nommer un nouveau Premier ministre

Entrevue 1

Au lendemain de la réouverture solennelle de Notre-Dame, le chef de l’État reprend ses consultations pour désigner un chef de gouvernement capable de stabiliser une majorité parlementaire fragile.

Ce lundi matin, Emmanuel Macron entame une nouvelle série de consultations à l’Élysée, dans un contexte marqué par l’urgence. Après la censure de Michel Barnier, la recherche d’un successeur à Matignon est devenue une priorité pour éviter un nouveau blocage institutionnel.

Dès 9h, le président rencontrera les députés indépendants du groupe Liot, avant de poursuivre avec les écologistes menés par Marine Tondelier, puis les communistes sous la houlette de Fabien Roussel. Une intensité dans l’agenda qui pourrait indiquer une décision rapide, même si les précédents, comme la nomination de Barnier, montrent qu’Emmanuel Macron n’est pas étranger à la prudence.

Dans son propre camp, l’impatience grandit. François Bayrou, allié historique du président, a exprimé ses préoccupations depuis Pau, évoquant une situation « intenable » et se disant prêt à intervenir si nécessaire. Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, presse également Emmanuel Macron d’agir « dans les prochaines heures », proposant une alliance large entre Renaissance, LR, MoDem, Horizons, Liot et PS pour garantir une majorité stable.

Une gauche divisée, la droite exigeante

Du côté du Parti socialiste, Olivier Faure plaide pour un Premier ministre de gauche et des « concessions réciproques », faute de quoi le PS menace de ne pas participer au gouvernement. Cette proposition a exacerbé les tensions avec La France insoumise (LFI), qui accuse le PS de trahison. Jean-Luc Mélenchon, dénonçant une « méthode brutale », a averti que le Nouveau Front populaire (NFP) pourrait continuer sans les socialistes si ces derniers s’allient avec les macronistes. « Faure ne décide pas tout seul », a martelé l’ancien candidat à la présidentielle.

La droite, de son côté, maintient ses conditions strictes. Laurent Wauquiez, leader des Républicains, rejette tout rapprochement avec LFI ou une adhésion au programme du NFP, rendant improbable la nomination d’un Premier ministre socialiste.

Le Rassemblement national à l’affût

Non convié aux consultations, le Rassemblement national (RN) revendique néanmoins une place dans le débat. Jordan Bardella et Marine Le Pen demandent une audience avec le futur Premier ministre pour exposer leurs priorités : pouvoir d’achat, sécurité, immigration et introduction de la proportionnelle. « Vous ne pouvez pas faire comme si on n’était pas là », prévient Bardella.

Entre les ambitions de François Bayrou, les exigences des socialistes, les lignes rouges des Républicains et les critiques de LFI, Emmanuel Macron doit manœuvrer avec habileté. L’équilibre est précaire, et le temps presse. Alors que le spectre d’une instabilité politique plane sur le quinquennat, tous les regards sont tournés vers l’Élysée. La journée pourrait être décisive pour l’avenir de Matignon et la gouvernabilité de la France.

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