Ce jeudi 29 août 2024, sous les yeux du président français Emmanuel Macron, la Serbie a officialisé l’achat de douze avions de combat Rafale, marquant un tournant significatif dans les relations entre les deux pays. Cet accord, scellé lors de la visite du président Macron à Belgrade, s’inscrit dans une série d’accords économiques visant à renforcer les liens entre la France et la Serbie, un pays des Balkans qui maintient des relations cordiales avec la Russie malgré la guerre en Ukraine.
Le président serbe Aleksandar Vucic a exprimé sa reconnaissance pour ce partenariat, soulignant l’importance pour la Serbie d’intégrer le « prestigieux club Rafale ». Les chasseurs-bombardiers français remplaceront la flotte vieillissante de MiG russes actuellement en service dans l’armée serbe. La livraison des neuf Rafale monoplaces et trois biplaces, d’une valeur totale de 2,7 milliards d’euros, est prévue d’ici 2029.
Cette acquisition intervient dans un contexte délicat pour la Serbie, candidate à l’adhésion à l’Union européenne (UE) mais qui a maintenu des relations avec Moscou sans imposer de sanctions à la Russie depuis le début du conflit en Ukraine en 2022. Le président Vucic a justifié ce choix en soulignant la nécessité pour la Serbie de moderniser son armée, actuellement équipée majoritairement d’appareils russes.
Paris voit dans cette vente une opportunité stratégique pour arrimer la Serbie à l’UE, un argument mis en avant par Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire chargé de l’Europe. Il a averti que l’absence d’un tel partenariat pourrait transformer la Serbie en un point d’entrée pour l’instabilité en Europe, sous l’influence de régimes autoritaires comme ceux de la Russie et de la Chine.
Pour certains analystes, comme Vuk Vuksanovic du Centre for Security Policy à Belgrade, cette décision répond à des préoccupations stratégiques et politiques. Vucic cherche à éviter une perte de supériorité aérienne dans les Balkans face à la Croatie, équipée elle aussi de Rafale, tout en renforçant ses relations avec la France pour obtenir un soutien politique.
La visite d’Emmanuel Macron à Belgrade a également été l’occasion de réaffirmer le soutien de la France à l’adhésion de la Serbie à l’UE, malgré les préoccupations internes en Serbie. Dans une lettre publiée dans la presse serbe, Macron a réitéré que la Serbie avait « toute sa place » au sein de l’UE, appelant Belgrade à renforcer l’État de droit et à normaliser ses relations avec le Kosovo, une étape essentielle pour rapprocher la Serbie des Vingt-Sept.
Le président Macron et son homologue serbe sont attendus à Novi Sad, la deuxième ville du pays, pour poursuivre ces discussions.