« À Los Angeles, tout le monde se la raconte beaucoup trop! »
À 32 ans, Emma Stone s’est imposée comme l’une des valeurs sures d’Hollywood. Tout n’était pourtant pas gagné pour elle. Arrivée dès 15 ans à Los Angeles, elle a essuyé de nombreux échecs lors des castings avant de connaître le succès et même la consécration, avec son Oscar de meilleure actrice en 2016 pour son rôle dans La La Land. Cet été, elle était à l’affiche de Cruella, de Disney, qui a cartonné dans les salles.
Par Jérôme Goulon (Twitter @JeromeGoulon)
Entrevue : Ça fait quoi d’incarner une femme aussi méchante que Cruella ?
Emma Stone : C’est un pied intégral de jouer une femme aussi machiavélique ! (Rires) Jouer des femmes méchantes ou fatales, j’adore ça !
Donc tu as aimé ce rôle ?
Oui ! J’ai vraiment tout donné devant la caméra ! C’est pour faire ce genre de films que j’ai voulu devenir actrice. Une partie de moi est très anxieuse, très réservée, et ce genre de rôles te demande de te livrer intégralement, de te laisser aller. Quand je joue, c’est là que je me sens la plus heureuse.
Tu es maintenant habituée à jouer des rôles où tu es déguisée ou très maquillée…
Oui, les femmes doivent parfois beaucoup se maquiller pour obtenir ce qu’elles veulent ! (Rires)
C’est ton cas ?
Ado, je me maquillais comme un camion volé parce que je n’aimais pas mes taches de rousseur. Mais avec du recul, je me dis que je devais plus faire fuir les mecs qu’autre chose !
J’ai remarqué que lors des avant-premières, tu es la seule actrice à ne pas poser pour les photographes…
Parce que je ne sais pas faire ! (Rires) Les photographes me le demandent, mais je ne sais pas faire. J’adorerais pourtant ! Je fais ce que je peux et me contente de sourire bêtement…
Tu n’as pourtant pas de complexes à avoir. D’ailleurs, quel est ton secret pour garder ta ligne ?
Je n’en ai pas ! Quoi que je mange, je n’arrive pas à avoir des formes généreuses ! (Rires) Je n’ai pas de hanches, mais ça n’empêche pas les hommes de porter leur regard sur moi ! (Rires)
Tu as débarqué à Los Angeles dès l’âge de 15 ans. Ça t’a plutôt réussi, mais comment as-tu fait à l’époque pour convaincre tes parents ?
C’est vrai que dans une telle situation, la plupart des parents enfermeraient leur enfant dans sa chambre ! J’ai été vraiment chanceuse que mon père ait dit oui instantanément. En fait, mes parents ont tous les deux eu des expériences difficiles dans leur vie, ils ont perdu des proches de façon assez soudaine, donc leur devise c’est carpe diem. J’ai été aussi incroyablement chanceuse que, financièrement, ils aient pu m’aider à le faire, parce que sinon cela aurait été impossible.
Et dès l’âge de 15 ans, tu savais déjà que tu voulais devenir actrice ?
Je suis en effet venue à Los Angeles très jeune pour passer des castings. Mais je ne pense pas que j’avais un plan de carrière à long terme. Quand je suis arrivée, la saison des castings était terminée, et du coup je n’avais aucune audition à passer ! Je crois qu’en fait c’est encore pire que d’être rejetée d’un casting ! (Rires) C’est un sentiment terrible, surtout quand tu débarques à 15 ans dans une ville que tu ne connais pas ! Et puis j’ai vu une annonce pour The Partridge Family. J’ai obtenu le rôle, et c’est comme ça que j’ai rencontré mon manager… Tu connais la suite de mon histoire…
Tu évoques le fait d’être rejetée d’un casting. Tu as connu ça ?
Oh que oui ! Je connais cette situation. Mes premières auditions n’ont absolument rien donné… Me faire «remercier» d’un casting après n’avoir lu qu’une seule ligne de texte, c’est quelque chose que j’ai vécu !
Et ça t’est arrivé souvent ?
Quelques fois, oui ! (Rires)
Tu as pensé à abandonner quand ça ne marchait pas ?
En effet, à un moment donné, j’ai vraiment pensé abandonner le cinéma. Je ne l’ai pas fait… et je ne le regrette pas ! (Rires)
Tu as souvent dit que tu faisais beaucoup plus jeune que ton âge et que cela te posait des problèmes. Mais quel genre de problèmes ?
J’ai été souvent obligée de sortir ma carte d’identité pour pouvoir boire un verre ! (Rires) Mais ça m’arrive de moins en moins et je suis même nostalgique de cette époque. Je trouve que c’était flatteur ! Tout le monde sait aujourd’hui que je suis majeure !
Après avoir vécu à Los Angeles, tu es partie vivre à New York. Puis tu es revenue à Los Angeles. Pourquoi ?
Je suis en effet revenue vivre à Los Angeles. Et c’est plutôt sympa parce que tous mes amis habitent ici. Mais je dois reconnaître que Los Angeles n’est pas une ville très fun, c’est limite merdique… À Los Angeles, tout le monde se la raconte beaucoup trop ! (Rires)
Dans La La Land, le film qui t’a valu un Gloden Globe et un Oscar, tu chantais, alors que tu avais des nodules sur les cordes vocales. Justin Timberlake t’a parlé d’une opération qui pourrait t’aider. Tu l’as faite ?
Non, je ne me suis finalement pas fait opérer. À cause de mes tumeurs bénignes sur les cordes vocales, j’ai dû prendre des cours de chant pour pouvoir faire le film. Je perdais ma voix tout le temps, mais au final, j’ai réussi ! Et j’ai eu l’Oscar ! (Rires)
Tu t’en es bien sortie, même si tu n’es pas une surdouée !
Eh bien merci de me dire que je ne suis pas une surdouée ! (Rires) Cela signifie vraiment beaucoup pour moi ! (Rires) J’ai fait de mon mieux…
Pour finir, un sujet fait beaucoup parler ces temps-ci. Tu es sensible à l’égalité entre les hommes et les femmes à Hollywood ? Tu as notamment interprété Billie Jean King, numéro 1 mondial du tennis féminin dans les années 1970…
Oui, Billie Jean King était une femme fascinante. Elle se battait déjà pour l’égalité des salaires entre les hommes et les femmes. On se rend compte qu’elle était en avance sur son temps…