Elon Musk s’invite dans la campagne allemande : une polémique à deux mois des élections

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Le milliardaire américain Elon Musk, connu pour ses prises de position provocatrices et son influence croissante sur la scène politique internationale, a déclenché une nouvelle controverse en soutenant l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite, à l’approche des élections anticipées prévues le 23 février en Allemagne. Sur sa plateforme X (ex-Twitter), il a affirmé que “seule l’AfD peut sauver l’Allemagne”, suscitant des réactions indignées dans le paysage politique allemand.

Le chancelier Olaf Scholz, candidat à sa propre succession, n’a pas caché son malaise face à cette ingérence. Lors d’une conférence de presse à Berlin, il a reconnu que “la liberté d’expression vaut aussi pour les milliardaires”, tout en soulignant qu’elle permet aussi de “dire des choses qui ne sont pas justes ni de bons conseils politiques”. À 66 ans, Scholz doit faire face à une campagne électorale déjà tendue, marquée par l’éclatement de sa coalition gouvernementale début novembre.

Les critiques contre Musk se multiplient au sein de l’appareil politique allemand. Matthias Miersch, secrétaire général du SPD, a mis en garde contre une intervention étrangère dans le processus démocratique allemand. “Si Elon Musk s’engage activement dans la campagne pour soutenir l’AfD, c’est un signal alarmant”, a-t-il déclaré, ajoutant un cinglant “Stay out, Elon”. De son côté, l’eurodéputé conservateur Dennis Radtke a qualifié Musk de “menace” comparable à celle posée par Poutine, Trump ou Nigel Farage.

En réponse, Alice Weidel, figure de proue de l’AfD, a remercié Elon Musk dans une vidéo publiée sur X, où elle a également adressé ses vœux à Donald Trump pour son prochain mandat. Ce soutien tombe à point nommé pour l’AfD, créditée de 19 % des intentions de vote selon les derniers sondages. Bien que les conservateurs de la CDU/CSU dominent avec 32 %, et que le SPD se situe à 15 %, l’AfD continue de capitaliser sur son image de parti anti-système, hostile aux migrants et ouvertement pro-russe. Malgré ces chiffres, tous les partis traditionnels ont exclu toute alliance avec l’extrême droite.

Ce n’est pas la première fois que Musk s’immisce dans les affaires européennes. L’été dernier, avant des élections régionales dans l’ex-RDA, il avait estimé que les positions de l’AfD “ne semblaient pas d’extrême droite”. Par ailleurs, Musk a exprimé des sympathies pour des figures populistes européennes comme Giorgia Meloni, la Première ministre italienne. En Grande-Bretagne, il a multiplié les attaques contre le Parti travailliste et envisagerait un don de 100 millions de dollars au parti d’extrême droite Reform UK, dirigé par Nigel Farage.

Face à cette influence croissante, la chancellerie allemande n’a pas exclu une réaction au niveau européen. Christiane Hoffmann, porte-parole du gouvernement, a évoqué la loi européenne sur les services numériques, qui impose des règles strictes aux plateformes durant les campagnes électorales. Cependant, Olaf Scholz a refusé de quitter la plateforme X, arguant de l’importance de rester présent dans les espaces numériques où “les débats sont façonnés”.

À deux mois du scrutin, l’intervention d’Elon Musk ajoute une dose d’incertitude à une campagne déjà polarisée, tout en soulevant des questions cruciales sur l’impact des réseaux sociaux et des puissances étrangères sur les démocraties européennes.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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