Elon Musk et l’AfD : la tribune qui fait trembler l’Allemagne médiatique

Entrevue 1

Par une tribune fracassante publiée dans Welt am Sonntag, édition dominicale du très influent Die Welt, Elon Musk a une nouvelle fois prouvé qu’il était bien plus qu’un simple entrepreneur. L’homme le plus riche du monde, proche du président élu Donald Trump, y affirme sans ambages que l’Alternative für Deutschland (AfD), parti nationaliste et allié au Parlement européen du parti Reconquête! d’Eric Zemmour , représente « la dernière lueur d’espoir pour un pays au bord de l’effondrement économique et culturel ».

Un tel soutien, publié en pleine campagne pour les élections législatives anticipées de février, a immédiatement provoqué un tremblement de terre dans la sphère politico-médiatique allemande. Eva Marie Kogel, responsable des contenus éditoriaux de l’hebdomadaire, a annoncé sa démission en dénonçant la publication de cette tribune sur X (anciennement Twitter), une plateforme ironie du sort propriété de Musk lui-même. Ce geste, salué par les partisans de l’orthodoxie progressiste, illustre peut-être davantage la fin d’une époque que la défaite d’une idée.

Musk, un coup de projecteur sur l’AfD

Dans sa tribune, Elon Musk met en avant les propositions économiques et sociétales de l’AfD : une politique d’immigration contrôlée, une réduction des impôts et une déréglementation du marché. Pour Musk, la classification du parti à l’« extrême droite » relève d’une « fausse étiquette », rappelant que sa dirigeante Alice Weidel partage sa vie avec une femme originaire du Sri Lanka. Ce plaidoyer intervient alors que l’AfD atteint 19 % dans les intentions de vote, un record qui inquiète les partis traditionnels et leurs relais médiatiques.

Certes, la voix du milliardaire a été contestée dans les mêmes colonnes par Jan Philipp Burgard, le nouveau rédacteur en chef de Die Welt, qui n’a pas hésité à affirmer que « même un génie peut se tromper ». Mais cette contradiction n’a fait que renforcer l’écho de la tribune, amplifiée par la polémique suscitée sur les réseaux sociaux.

La démission d’Eva Marie Kogel marque peut-être un tournant : celui de la fin d’une bien-pensance qui verrouille depuis trop longtemps le débat public. Que l’on partage ou non les opinions de Musk, il faut admettre que sa prise de parole rompt avec une culture du consensus imposé. Depuis des années, les grandes rédactions européennes se sont faites les chantres d’une pensée unique, souvent déconnectée des réalités et des inquiétudes de leurs lecteurs. L’effet Musk pourrait bien être un déclic, rappelant aux médias leur mission : donner la parole à toutes les sensibilités, même celles qui dérangent.

L’Amérique ne sauvera pas l’Europe, mais…

Cela dit, il serait vain d’attendre un sauvetage de l’Europe par l’Amérique, qu’elle soit incarnée par Musk ou Trump. Les défis qui attendent des nations comme l’Allemagne ou la France exigent des solutions enracinées dans leur histoire et leurs valeurs. Cependant, le modèle Musk – celui d’une audace assumée, d’une liberté d’expression totale – pourrait inspirer nos élites. Réconcilier souveraineté et modernité, protéger les identités tout en réformant les économies : voilà les véritables enjeux. Elon Musk ne sauvera ni l’Allemagne ni l’Europe. Mais il a peut-être lancé une dynamique : celle d’un continent qui cesse de s’excuser d’exister et qui ose réfléchir par lui-même.

En fin de compte, l’épisode Musk pose une question essentielle : et si cet électrochoc médiatique était le prélude à une réinvention des débats publics en Europe ? Entre ruptures et résistances, il appartient désormais à chaque pays de saisir cette opportunité pour rebâtir une scène médiatique où toutes les voix, y compris les plus iconoclastes, pourront se faire entendre.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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