Élections présidentielles iranienne : Le reformateur Massoud Pezeshkian élu

07 juillet, 2024 / Entrevue

Massoud Pezeshkian, un réformateur iranien, a remporté le second tour de l’élection présidentielle iranienne, samedi 6 juillet, battant l’ultraconservateur Saïd Jalili avec 53,6 % des voix. Dans son premier discours en tant que président élu, Pezeshkian a promis de tendre « la main de l’amitié à tout le monde » et a appelé à utiliser toutes les ressources humaines du pays pour son progrès.

L’élection a eu lieu dans un climat de mécontentement populaire, principalement dû à l’état de l’économie iranienne frappée par des sanctions internationales. Cette élection présidentielle a été organisée rapidement après le décès du président ultraconservateur Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère en mai. Pezeshkian, député de 69 ans de Tabriz, a bénéficié du soutien de deux anciens présidents iraniens, Mohammad Khatami et Hassan Rohani.

Pezeshkian se présente comme la « voix des sans-voix » et a promis d’améliorer les conditions de vie des plus défavorisés. Chirurgien de profession et ancien ministre de la Santé, il a cultivé une image d’humilité pendant sa campagne. Bien qu’il reste loyal à la République islamique, il prône des « relations constructives » avec les États-Unis et les pays européens afin de sortir l’Iran de son isolement. Il s’est engagé à négocier directement avec les États-Unis pour relancer les pourparlers sur le nucléaire iranien et obtenir une levée des sanctions économiques.

Pezeshkian a également critiqué l’utilisation de la force par la police pour imposer le port du voile obligatoire aux femmes, une question qui a déclenché un vaste mouvement de contestation en Iran fin 2022 après le décès de Mahsa Amini. Il a déclaré : « Nous nous opposons à tout comportement violent et inhumain (…) notamment envers nos sœurs et nos filles, et nous ne permettrons pas que de tels actes se produisent. »

Bien que l’élection de Pezeshkian soit significative, ses pouvoirs en tant que président restent limités par le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, qui détient le pouvoir ultime en Iran.

Sur la scène internationale, Pezeshkian a reçu les félicitations de plusieurs dirigeants, notamment du président russe Vladimir Poutine, qui a exprimé l’espoir de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays. Le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi ont également adressé leurs félicitations et exprimé leur désir d’approfondir les relations avec l’Iran.

La participation au second tour s’est établie à 49,8 %, marquant une hausse de près de 10 points par rapport au premier tour. Cependant, des figures de l’opposition en Iran et dans la diaspora ont appelé au boycott du scrutin, estimant que les camps conservateur et réformateur sont les deux faces d’une même médaille.