Élections législatives en Irlande : une bataille électorale serrée au cœur des crises sociales

29 novembre, 2024 / Entrevue

Ce vendredi, les Irlandais se rendent aux urnes pour des élections législatives marquées par une forte incertitude, les trois principaux partis étant au coude à coude dans les sondages. Cette campagne éclair a été dominée par des enjeux cruciaux tels que la crise du logement et la flambée du coût de la vie.

Une compétition féroce entre trois partis

À Dublin, les rues sont tapissées d’affiches électorales reflétant la diversité des propositions des partis. Le Sinn Féin, parti nationaliste de gauche, appelle au « changement de gouvernement ». Le Fianna Fáil, au centre-droit, prône une approche collective avec son slogan « Avancer ensemble », tandis que le Fine Gael du Premier ministre Simon Harris mise sur la protection de l’économie avec la promesse de « protéger l’avenir ».

Près de 5,4 millions d’électeurs sont invités à voter pour élire les 174 députés qui siégeront au Dáil, la chambre basse du Parlement. Les bureaux de vote sont ouverts depuis 7h00 GMT et fermeront à 22h00 GMT.

Simon Harris en difficulté malgré un bilan solide

Simon Harris, à la tête du gouvernement depuis avril, a tenté de redynamiser le Fine Gael, au pouvoir depuis 2011. Toutefois, des maladresses durant la campagne, comme une vidéo virale où il tourne le dos à une travailleuse sociale évoquant ses difficultés, ont terni son image. Ces incidents se sont traduits par un recul dans les sondages.

Selon une enquête d’opinion publiée mercredi, le Fianna Fáil pourrait arriver en tête avec 22 % des suffrages, suivi du Fine Gael et du Sinn Féin, tous deux à 20 %. Les indépendants devraient récolter 14 % des voix.

La crise du logement s’est imposée comme l’enjeu principal. Les statistiques d’Eurostat révèlent que les ménages irlandais consacrent 50 % de leurs revenus à leur logement, tandis que les loyers ont bondi de 68 % entre 2010 et 2021. Le coût de la vie, la santé, le handicap et l’immigration figurent également parmi les priorités des électeurs.

Dans ce contexte, Mary Lou McDonald, dirigeante du Sinn Féin, a affirmé qu’un « élan en faveur du changement » se dessinait. Elle espère capitaliser sur le mécontentement à l’égard des deux partis centristes, le Fianna Fáil et le Fine Gael, qui dominent la vie politique irlandaise depuis l’indépendance du pays en 1921.

Le Premier ministre sortant a également mis en garde contre les conséquences économiques de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, qui pourrait remettre en question les avantages fiscaux ayant permis à l’Irlande d’attirer des géants comme Apple et Google. Une révision des droits de douane ou du régime fiscal américain pourrait affaiblir l’attractivité économique de l’Irlande.

Une élection complexe et des perspectives de coalition

Le système électoral irlandais, basé sur la représentation proportionnelle avec transfert de votes, rend improbable une majorité absolue pour un seul parti. Le comptage des voix, qui débutera samedi, pourrait s’étendre sur plusieurs jours.

Les négociations pour former une coalition s’annoncent délicates. Simon Harris et Micheál Martin, dirigeant du Fianna Fáil et actuel ministre des Affaires étrangères, ont exclu toute alliance avec le Sinn Féin. Les Verts et les indépendants pourraient à nouveau jouer un rôle clé dans la composition du futur gouvernement.

En attendant, les Irlandais expriment leur frustration. Rachel McNamara, 22 ans, employée dans un commerce, résume un sentiment partagé : « Fianna Fáil et Fine Gael sont au pouvoir depuis si longtemps. Ils auraient dû régler les problèmes. » Une majorité espère désormais un changement, mais reste à savoir si les urnes suivront cette aspiration. Les premiers résultats devraient être disponibles ce soir, après la fermeture des bureaux de vote.