À trois mois des élections législatives anticipées, la campagne électorale allemande s’ouvre sur des tensions accrues entre Olaf Scholz, chancelier social-démocrate, et Friedrich Merz, chef des conservateurs et favori des sondages. Les deux rivaux s’opposent sur des sujets cruciaux, allant de la guerre en Ukraine à l’économie en crise, en passant par l’immigration.
Lors d’un meeting à Berlin, Olaf Scholz a critiqué la posture « belliciste » de Friedrich Merz concernant le conflit russo-ukrainien. Tandis que Merz se montre favorable, sous certaines conditions, à la livraison de missiles Taurus à Kiev, Scholz dénonce une politique risquée : « On ne joue pas à la roulette russe avec la sécurité de l’Allemagne. »
En quête de reconquête auprès d’une opinion publique lassée, Scholz s’est présenté comme un « chancelier de la paix », prônant des négociations directes entre Moscou et Kiev. Bien que l’Allemagne soit devenue le deuxième fournisseur d’armes à l’Ukraine sous son mandat, Scholz a souligné la nécessité de la prudence face à un pays doté de l’arme nucléaire.
Économie en crise : deux visions opposées
Friedrich Merz, lors d’un rassemblement à Schmallenberg, a critiqué sévèrement l’orientation économique de Scholz et des Verts. Pointant du doigt les subventions aux pompes à chaleur et aux voitures électriques, Merz a dénoncé un « interventionnisme excessif » et plaidé pour une plus grande liberté économique : « L’État ne doit pas décider comment nous chauffons, nous conduisons ou nous mangeons. »
De son côté, Olaf Scholz a fustigé les baisses d’impôts proposées par Merz, qualifiant celles-ci de « recettes usées » des conservateurs. Il a mis en avant des mesures pour moderniser les infrastructures vieillissantes du pays, incluant des incitations fiscales pour les entreprises investissant en Allemagne, ainsi qu’une hausse du salaire minimum à 15 euros de l’heure.
Immigration : une ligne de fracture exacerbée
Alors que le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 18 % des intentions de vote, la question de l’immigration illégale divise les deux candidats. Merz a promis des mesures fermes, comme le renvoi systématique des migrants en situation irrégulière aux frontières, citant l’attentat meurtrier de Solingen en août dernier.
En réponse, Olaf Scholz a souligné que l’Allemagne est « depuis longtemps un pays d’immigration », rappelant qu’un quart de la population a des origines étrangères. Le chancelier a accusé Merz de nier cette réalité et de céder à une ligne droitière éloignée de l’héritage centriste d’Angela Merkel.
Un duel décisif
Avec un SPD en perte de vitesse (15 % dans les sondages), loin derrière la CDU/CSU de Friedrich Merz (33 %), cette campagne s’annonce déterminante pour l’avenir politique de l’Allemagne. Tandis que Scholz tente de regagner la confiance des électeurs en prônant la stabilité et le progrès social, Merz mise sur une rupture franche avec les politiques actuelles.
Le duel entre les deux hommes symbolise les profondes divisions d’une Allemagne en quête de renouveau dans un contexte international et économique tendu.