« Eh mon gars, au revoir » : un échange tendu entre Nicolas Sarkozy et un enseignant
Une séance de dédicace du dernier ouvrage de Nicolas Sarkozy, Le temps des combats, a pris une tournure inattendue. L’ancien président de la République, présent dans une librairie marseillaise pour rencontrer ses lecteurs, a été publiquement interpellé par un enseignant affilié au syndicat FSU-SNUipp13. Mécontent des récentes déclarations de l’ex-chef d’État sur le corps enseignant, ce professeur a décidé de lui répondre directement.
Une confrontation sur le temps de travail des enseignants
« Vous n’avez pas honte de jeter en pâture le monde enseignant à l’opinion publique ? Pourquoi vous mentez ? Vous savez qu’on ne travaille pas 24 heures par semaine, mais 43 heures », a lancé l’enseignant, se référant aux propos tenus par Nicolas Sarkozy le 8 novembre dernier lors des Rencontres de l’avenir à Saint-Raphaël. Ce jour-là, l’ancien président avait ironisé sur le volume de travail des professeurs, évoquant « 24 heures par semaine et six mois de l’année », tout en remettant en cause le nombre d’enseignants nécessaires en France.
Face à ces critiques, Nicolas Sarkozy a d’abord tenté de calmer le jeu, invitant son interlocuteur à discuter dans un cadre plus approprié : « Si vous voulez m’en parler, vous venez m’en parler. » Mais lorsque le syndicaliste a évoqué la retraite prise par Sarkozy à 57 ans, en la comparant à celle des enseignants repoussée par la réforme des retraites, l’ancien président a mis fin à l’échange d’un lapidaire : « Eh mon gars, au revoir. »
Une profession en colère
Cet incident, filmé et largement diffusé sur les réseaux sociaux, a résonné comme un cri du cœur pour de nombreux enseignants. Le professeur en question, Sébastien Fournier, enseignant dans les quartiers nord de Marseille, a ensuite expliqué sa démarche. « J’ai voulu engager un dialogue en achetant son livre et en m’approchant lors de la signature. Mais il n’a pas souhaité répondre à mes arguments », a-t-il raconté à France Bleu Provence. Accompagné d’une petite délégation, il avait même prévu d’offrir à Nicolas Sarkozy un exemplaire du livre Le travail hors la classe de Frédéric Grimaud, un enseignant de Martigues, mais n’a pas pu aller au bout de sa démarche.
Pour le syndicaliste, ce geste relevait d’un « droit de réponse légitime », estimant que les déclarations de Nicolas Sarkozy étaient « très directes » et empreintes d’un « mépris infini pour le travail enseignant ». Il souligne par ailleurs que l’intervention était respectueuse, bien qu’elle ait été perçue comme frontale.
Les déclarations de Nicolas Sarkozy, qualifiées de « mensongères » par les syndicats enseignants, avaient déjà suscité l’indignation début novembre. Selon des chiffres régulièrement relayés par le ministère de l’Éducation nationale, le temps de travail hebdomadaire des enseignants avoisine les 40 heures, avec une charge qui ne se limite pas au temps passé en classe. Préparation des cours, corrections et réunions s’ajoutent au travail en présentiel, loin de la caricature des « 24 heures hebdomadaires » avancée par l’ancien président.
Ce nouvel épisode ne fait que raviver la colère des enseignants, souvent pointés du doigt dans le débat public. Pour la FSU-SNUipp13, cette vidéo, vue des milliers de fois, illustre le ras-le-bol d’une profession en quête de reconnaissance face à des discours jugés méprisants. En conclusion, Sébastien Fournier, qui appelle à manifester le 5 décembre, résume l’état d’esprit des enseignants : « On a répondu à son mépris avec la même intensité. »