« Édouard Philippe m’avait invité à combattre contre lui. » Interview de Cyril Viguier, présentateur télé et combattant de MMA, suite au succès de ‘La cage’ sur Netflix
Depuis sa sortie, la série La cage, diffusée sur Netflix, réalise un véritable carton. Créée par Franck Gastambide, elle raconte l’histoire d’un jeune combattant de MMA qui rêve de passer professionnel et qui peine à se faire remarquer, jusqu’à ce qu’un combat inattendu le projette sur le devant de la scène. Longtemps interdit en France, le MMA a toujours une réputation controversée, mais s’affirme de plus en plus comme un sport populaire. Parmi l’un de ses ardents défenseurs, Cyril Viguier, journaliste politique et présentateur du JT des Territoires, sur TV5 Monde. Et pour cause, lui-même pratiquant de MMA, il lutte depuis des années pour que cette discipline soit reconnue à sa juste valeur. Pour Entrevue, il nous parle du MMA…
Jérôme Goulon : Vous pratiquez le MMA, ce qui est assez surprenant pour un animateur de télévision…
Cyril Viguier : Je pratique les sports de combat depuis l’âge de 17 ans. J’ai débuté avec Dominique Valera, qui a apporté le full-contact en France dans les années 1980. C’est lui qui m’a donné goût à ce sport. Lors de mon passage aux États-Unis, j’ai découvert le MMA (arts martiaux mixtes, ex-free-fight, ndlr). Après le 11 Septembre, Las Vegas a connu une période de dépression. Et cette ville a connu une renaissance, car elle est devenue la capitale mondiale du free-fight. L’adrénaline qu’on a en rentrant dans une cage, c’est terrible.
La politique et le combat ont des points communs ?
La politique et le fight c’est pareil, mais dans le fight, les coups bas sont sanctionnés !
Le MMA a une réputation controversée en France. Il a d’ailleurs longtemps été interdit. Pourquoi ?
C’est un sport mal expliqué, mal compris. On a mal informé les gens là-dessus. On dit beaucoup d’absurdités. Le MMA, c’est trois sports de combat réunis, qui sont tous les trois reconnus. Mais, pratiqués ensemble, c’est interdit. Pure folie française qui vient des administrations et du ministère des Sports.
Ils ne voulaient pas reconnaître cette discipline ?
Toute une génération de très bons sportifs qui ont conseillé le pouvoir se sont violemment opposés au MMA. Les ministres des Sports qui se sont succédés aussi. Il y a deux raisons : les préjugés et le poids des administrations et des fédérations. Le jour où il existe une entité qui représente le MMA, ils pensent qu’il y aura moins de licenciés au karaté, au judo, à la boxe. Mais je pense le contraire. C’est un sport pédagogique fédérateur de lien social.
Des combats dans une cage, c’est un peu spécial, non ?
On a bâti une sale réputation autour de la cage. Mais à tort ! Il faut savoir qu’avant, on combattait sur un ring et que c’était bien plus dangereux. La cage est un élément ergonomique. Le grillage est en caoutchouc. Le sol amortit les chutes. Le MMA est très encadré. Il y a des combats d’organisés, et ça attire beaucoup de monde !
Ça vous est déjà arrivé de venir sur un plateau de télévision avec des bleus au visage ?
Sur un plateau de télé, non, mais j’ai une anecdote marrante. J’avais un rendez-vous à l’hôtel Matignon pour parler nouvelles technologies et télévision. Je revenais du combat que j’avais fait à Las Vegas. Aux États-Unis, dans les combats amateurs, on n’a pas de casque. Je suis arrivé en France avec un coquard gigantesque. Mais j’ai raconté un bobard au cabinet du Premier ministre. J’ai dit que je m’étais cassé la figure à vélo. C’est encore extrêmement mal perçu. Des gens, dans ce milieu-là, me regardent et me disent que ce n’est pas compatible avec un costume. C’est la France. Mais ça amuse quelques politiques.
Lesquels ?
Édouard Philippe m’avait invité à venir combattre contre lui au Havre. Patrick Vignal, ex-député de l’Hérault, était chargé de la mission parlementaire sur le MMA. Il y a donc dans le milieu politique des gens ouverts sur ce sujet !
Le MMA, ça vous a déjà aidé dans la rue ?
Ça donne un sentiment de sécurité plus important. Il y a quelques années, lors des problèmes de pénurie d’essence, je me suis retrouvé confronté à une personne qui avait pété les plombs. J’ai calmé la situation au profit d’une femme, qui allait être inquiétée. Il est vrai qu’elle avait doublé tout le monde…
Le MMA devient de plus en plus populaire. Enfin un juste retour des choses ?
Il y a un désir trop profond des jeunes. Pratiquer un sport de combat, c’est être sur un pied d’égalité financier. Il n’y a pas besoin d’avoir beaucoup d’argent. Riches et moins riches, on est à égalité, ce qui n’est pas le cas pour beaucoup d’autres sports…