Editis renforce sa présence dans la BD avec l’acquisition du groupe Delcourt

Entrevue 1

Le rachat du groupe Delcourt par Editis, validé par l’Autorité de la concurrence le 20 décembre 2024, marque une étape importante dans le paysage de l’édition française. Ce rapprochement permet au numéro deux de l’édition en France, désormais propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, de s’implanter plus solidement dans le secteur de la bande dessinée et des mangas.

L’Autorité de la concurrence a examiné minutieusement les implications de cette acquisition. Dans son communiqué, elle a indiqué que l’opération ne posait pas de problèmes majeurs, en raison des parts de marché limitées d’Editis dans la bande dessinée jusqu’ici et du caractère complémentaire des activités des deux entités. Elle a également souligné l’existence d’alternatives compétitives suffisantes sur le marché. Cette validation sans condition ouvre la voie à une collaboration entre deux acteurs majeurs de l’édition.

Delcourt, un fleuron de la bande dessinée et du manga

Fondé en 1986 par Guy Delcourt, le groupe Delcourt s’est imposé comme un acteur incontournable de la BD, avec un catalogue de près de 10 000 titres. Reconnu pour son audace éditoriale, Delcourt a publié des œuvres majeures, comme Walking Dead de Robert Kirkman, ou encore des succès franco-belges tels que Donjons et Lanfeust de Troy. Le groupe a également renforcé sa position dans le manga en rachetant Tonkam et en développant le label Kbooks dédié aux webtoons sud-coréens.

Déjà présent dans l’univers de la bande dessinée via ses labels Philéas (BD franco-belge), Kurokawa (mangas) et Kotoon (webtoons), Editis profite de ce rachat pour élargir son influence. Ce développement stratégique s’inscrit dans une logique de diversification, alors que le groupe avait été récemment écarté d’autres acquisitions comme celle d’Humensis. Pour Editis, ce rapprochement avec Delcourt représente une occasion unique de concurrencer des géants comme Glénat ou Dargaud.

Une consolidation du secteur

Cette acquisition témoigne des grandes manœuvres qui agitent le monde de l’édition. Selon les informations rapportées par Libération, le fonds Florac, copropriétaire de 49 % du capital de Delcourt, cherchait à céder sa participation. Guy Delcourt, prêt à envisager une transition, a trouvé dans Editis un partenaire capable de pérenniser son groupe tout en garantissant une continuité éditoriale.

Ce rapprochement, bien qu’économiquement prometteur, soulève des interrogations sur l’avenir des petites structures dans un marché de plus en plus dominé par des géants. Mais pour Editis et Delcourt, cette union promet d’écrire un nouveau chapitre ambitieux pour la bande dessinée et l’édition en France.

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