Édition scolaire : une rentrée 2024 en suspens face aux réformes gelées

Le secteur de l’édition scolaire, un marché crucial pour l’économie de l’édition en France, traverse une période d’incertitude sans précédent. Alors que la rentrée scolaire approche, les éditeurs se retrouvent en suspens, suite au gel de la réforme « Choc des savoirs », annoncée en décembre 2023 par Gabriel Attal, mais restée lettre morte après la dissolution de l’Assemblée nationale et la démission du gouvernement.

Traditionnellement, les réformes scolaires sont une aubaine pour les éditeurs, offrant un renouvellement du marché des manuels scolaires. Le secteur, qui représentait 296 millions d’euros en 2023, attendait avec impatience l’implémentation de la réforme qui devait remanier l’enseignement du français et des mathématiques du cycle 1 au collège. Les éditeurs avaient déjà commencé à travailler sur de nouveaux manuels pour répondre aux exigences des futurs programmes, mais les travaux ont été stoppés net. Sans publication officielle des nouveaux programmes, les maisons d’édition sont contraintes de suspendre leurs projets, laissant planer l’incertitude sur l’année scolaire 2025.

Cette situation met en lumière la dépendance des éditeurs scolaires aux décisions politiques. L’absence de réforme impacte directement leurs revenus, les obligeant à anticiper des années de creux lorsque les changements promis ne sont pas concrétisés. Alors que l’incertitude règne, les professionnels du secteur craignent une stagnation du marché pour l’année 2024, sans la dynamique attendue d’un renouvellement des manuels.

La situation est d’autant plus tendue que les prix des manuels scolaires continuent de grimper, suscitant des critiques notamment dans les établissements privés. Alors que ces derniers pointent du doigt les éditeurs pour la hausse des coûts, les éditeurs, eux, rappellent que leur rôle se limite à suivre les directives ministérielles, laissant le marché dépendre des aléas politiques. En attendant, les éditeurs et les enseignants se préparent à une rentrée en demi-teinte, sans les nouvelles ressources pédagogiques initialement prévues.

Hector M.