Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a annoncé lundi que ses premières actions économiques après son investiture, prévue le 20 janvier, incluront une augmentation drastique des droits de douane sur les importations en provenance de Chine, du Canada et du Mexique. Ces mesures, justifiées par des enjeux liés à l’immigration et à la crise des opiacés, marquent un retour à une politique commerciale agressive, caractéristique de son premier mandat.
25% de droits de douane sur le Canada et le Mexique
Dans une déclaration sur Truth Social, Donald Trump a annoncé qu’il imposerait une taxe douanière de 25% sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique. Cette mesure restera en vigueur, selon lui, jusqu’à ce que « les drogues, notamment le fentanyl, et les immigrants illégaux cessent d’envahir notre pays. »
La décision a suscité de vives réactions au Canada, où le Premier ministre Justin Trudeau a rappelé l’importance de la relation commerciale entre les deux pays. « Le Canada est essentiel à l’approvisionnement énergétique des États-Unis », a-t-il averti. Au Québec, le Premier ministre François Legault a dénoncé un « risque énorme » pour l’économie régionale, tandis que le gouvernement de la Colombie-Britannique a exhorté Ottawa à « réagir fermement ».
Au Mexique, la présidente Claudia Sheinbaum a tenté de rassurer, affirmant que le pays n’avait « aucun motif de préoccupation », bien que des analystes soulignent la dépendance économique du Mexique vis-à-vis de son voisin du nord.
Une taxe supplémentaire sur les produits chinois
En parallèle, le président élu a annoncé une hausse de 10% des droits de douane sur l’ensemble des importations chinoises, s’ajoutant aux taxes déjà en place. Ces mesures visent à contrer ce qu’il qualifie de « pratiques commerciales déloyales » et à forcer Pékin à agir contre le trafic de fentanyl, un des moteurs de la crise des opiacés aux États-Unis.
Trump a critiqué l’inaction des dirigeants chinois malgré leurs promesses de sévir contre les trafiquants. « Ils n’ont jamais tenu leurs engagements », a-t-il affirmé. En réponse, la Chine a dénoncé ces annonces comme une nouvelle escalade des tensions, rappelant que « la coopération économique entre nos deux pays est mutuellement bénéfique. »
Un retour aux guerres commerciales
Ces annonces s’inscrivent dans la continuité de la stratégie protectionniste adoptée par Trump lors de son premier mandat, où il avait justifié les guerres commerciales par la réduction du déficit commercial et la lutte contre le vol de propriété intellectuelle. À l’époque, ces mesures avaient gravement affecté certains secteurs américains, notamment l’agriculture.
La désignation récente de Howard Lutnick, PDG de Cantor Fitzgerald et critique virulent de la Chine, comme futur secrétaire au Commerce confirme cette volonté de durcir les négociations. Trump promet également des taxes pouvant atteindre 60%, voire 200%, sur certaines catégories de produits, comme les véhicules assemblés au Mexique.
Les économistes mettent en garde contre les effets inflationnistes de ces mesures, qui risquent d’entraîner une hausse des prix pour les consommateurs américains. « C’est une stratégie classique de Trump : menacer pour obtenir de meilleures concessions », explique William Reinsch, analyste à l’Asia Society Policy Institute. Cependant, le Canada, le Mexique et la Chine pourraient répondre par des mesures de rétorsion, rendant incertain l’impact global sur l’économie américaine.
Alors que l’Union européenne a déjà déclaré qu’elle « réagirait » en cas de nouvelles tensions commerciales, les semaines à venir s’annoncent cruciales pour la diplomatie économique mondiale.