La justice new-yorkaise a suspendu ce vendredi le prononcé de la peine de Donald Trump dans l’affaire Stormy Daniels, accordant à la défense un délai supplémentaire pour présenter de nouveaux arguments. Une décision qualifiée de « victoire décisive » par l’équipe du président élu.
Un procès inédit et des reports successifs
Reconnu coupable en mai dernier de « falsifications comptables aggravées » pour avoir dissimulé un paiement de 130 000 dollars à l’actrice de films X Stormy Daniels, Donald Trump, 78 ans, voit une nouvelle fois le prononcé de sa peine reporté. Initialement prévue pour le 26 novembre, cette étape est désormais suspendue, laissant la défense jusqu’au 2 décembre pour déposer un recours visant à annuler le procès.
Le juge Juan Merchan, qui préside ce dossier historique, a également fixé au 9 décembre la date limite pour que l’accusation présente ses conclusions. La sentence pourrait ainsi être prononcée avant l’investiture de Donald Trump le 20 janvier, bien que ce scénario reste incertain.
L’affaire remonte à 2016, alors que Donald Trump était en campagne pour la présidence. Il est accusé d’avoir orchestré un paiement à Stormy Daniels afin d’éviter qu’une relation extraconjugale présumée, que Trump continue de nier, ne vienne perturber sa candidature face à Hillary Clinton. Ce stratagème, qualifié de « complot visant à pervertir l’élection », avait été caché à travers des falsifications comptables, selon les procureurs.
En mai, après six semaines de procès, un jury populaire avait unanimement reconnu Trump coupable de 34 délits. L’affaire avait marqué un tournant historique : pour la première fois, un ancien président américain était jugé pénalement responsable d’un crime.
Un débat juridique complexe
Ce nouveau report intervient dans un contexte de débats juridiques intenses. Les avocats de Trump, désormais renforcés par des figures comme Todd Blanche et Emil Bove, nommés récemment à des postes clés du ministère de la Justice, plaident pour la suspension totale de l’affaire. Ils estiment que poursuivre un président en exercice pourrait entraver sa capacité à gouverner.
La défense s’appuie également sur une récente décision de la Cour suprême, qui élargit considérablement l’immunité présidentielle. Selon eux, les faits reprochés à Donald Trump relèveraient d’actes officiels de son premier mandat (2017-2021) et ne devraient donc pas être poursuivis.
Le procureur Alvin Bragg, figure de proue démocrate de cette affaire, a reconnu que le gel des poursuites pendant le mandat présidentiel, jusqu’en 2029, pouvait être envisagé. Néanmoins, il a réaffirmé son opposition à une annulation pure et simple de la procédure.
Ce report intervient dans un climat politique inédit. Le 5 novembre dernier, Donald Trump a été réélu président des États-Unis face à Kamala Harris, malgré les multiples procédures judiciaires en cours contre lui. Ce résultat électoral est présenté par ses partisans comme un « verdict démocratique » qui devrait enterrer toutes les accusations.
Pour Trump, cette affaire de falsifications comptables reste la seule à avoir donné lieu à un procès, parmi les quatre procédures pénales le visant. Ses avocats et partisans espèrent que ce précédent permettra de neutraliser les autres enquêtes, y compris celles concernant ses tentatives présumées de renverser les résultats de l’élection de 2020.
Un feuilleton judiciaire et politique sans précédent
Alors que le prononcé de la peine reste en suspens, cette affaire illustre les tensions croissantes entre la justice et la politique aux États-Unis. Le report de cette semaine ne clôt pas le dossier mais repousse une décision cruciale, laissant planer l’incertitude sur la suite des événements.
Pour l’instant, Donald Trump et son camp savourent cette nouvelle victoire procédurale, qui pourrait renforcer davantage leur position avant le retour officiel du milliardaire à la Maison Blanche en janvier 2025.