Donald Trump : ce que signifierait sa réélection pour l’économie américaine

Entrevue 1

Alors que Donald Trump brigue un second mandat à la présidence des États-Unis, ses propositions économiques se concentrent sur un retour au protectionnisme, avec des baisses d’impôts ambitieuses et un programme de relance de la production nationale. Si certains de ses partisans voient en ces mesures la promesse d’une reprise économique, de nombreux experts craignent que ses initiatives n’entraînent des effets inverses à ceux recherchés, notamment une hausse de l’inflation et des risques pour les finances publiques.

Des droits de douane généralisés pour relocaliser la production

Trump propose d’imposer des droits de douane universels de 10 % à 20 % sur tous les produits importés, avec des taxes pouvant atteindre 60 % pour les biens en provenance de Chine. L’objectif affiché est de relocaliser les emplois industriels et de réduire la dépendance des États-Unis aux importations. En 2018, des mesures similaires sur l’acier et l’aluminium avaient suscité des représailles de la part de l’Union européenne et du Canada, impactant notamment les agriculteurs américains.

Les économistes préviennent que ces taxes pourraient entraîner une nouvelle guerre commerciale, avec des hausses de prix sur les produits de consommation courante. Une étude de l’Institut Peterson pour l’économie internationale estime que le taux d’inflation pourrait grimper à 9,3 % d’ici 2026 avec la mise en œuvre de ces mesures, contre une prévision de 1,9 % sans ces taxes.

Retour aux réductions d’impôts de 2017 et au-delà

Les baisses d’impôts de Trump, adoptées en 2017, sont en partie programmées pour expirer en 2025. L’ancien président veut les rétablir et aller plus loin, en abaissant notamment l’impôt sur les sociétés de 21 % à 15 % et en supprimant les taxes sur les pourboires et les prestations de sécurité sociale. Il affirme que ces réductions encourageraient la croissance et la création d’emplois.

Cependant, les experts soulignent que les plus riches en bénéficieraient davantage que les classes moyennes et modestes. Le Comité pour un budget fédéral responsable (CRFB) estime que les réductions fiscales pourraient augmenter la dette nationale de 3 600 à 6 600 milliards de dollars en une décennie. En parallèle, le plan de Trump n’inclut pas de stratégie claire pour compenser ces pertes de recettes fiscales.

Trump a exprimé son souhait d’influencer les décisions de la Réserve fédérale, l’organisme indépendant qui fixe les taux d’intérêt. Il a critiqué la Fed pour avoir relevé les taux pendant son premier mandat et a laissé entendre qu’une politique monétaire plus accommodante pourrait aider à maîtriser l’inflation. Les économistes s’inquiètent qu’une telle ingérence puisse nuire à l’indépendance de la Fed et à la stabilité économique à long terme.

Trump et son colistier J.D. Vance ont promis de mener une campagne d’expulsions massives de migrants illégaux, qu’ils estiment être en concurrence avec les Américains pour les logements disponibles. Leur argument est que cette réduction de la population ferait baisser les prix de l’immobilier. Cependant, les experts soulignent que l’impact de l’immigration sur les prix des logements est complexe et que cette mesure pourrait causer des pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs essentiels, entraînant une augmentation des coûts.

À l’instar de sa rivale démocrate, Kamala Harris, Trump a promis de protéger la sécurité sociale et Medicare, tout en supprimant les impôts sur les prestations de sécurité sociale. Toutefois, le CRFB avertit que ces mesures pourraient accélérer l’insolvabilité du fonds de sécurité sociale, déjà prévue pour 2031, de trois ans. L’arrêt de l’imposition des prestations et des cotisations des travailleurs migrants réduirait considérablement les recettes de ces programmes.

Coupes dans les aides étudiantes et l’énergie abordable

Bien que Trump n’ait pas encore dévoilé de plans concrets pour les prêts étudiants, il a toujours exprimé son opposition à l’annulation généralisée de la dette. Par ailleurs, il promet de réduire les coûts de l’énergie en augmentant la production de pétrole et de gaz, notamment par la fracturation hydraulique. Les critiques affirment que ces projets ne prennent pas en compte les contraintes écologiques et les défis liés à la transition énergétique.

En définitive, si les projets de Donald Trump visent à redonner du pouvoir d’achat aux Américains, ils pourraient au contraire peser sur le budget fédéral, exacerber les tensions commerciales internationales, et compromettre les programmes sociaux. Les électeurs devront donc peser les avantages économiques à court terme contre les risques pour la stabilité financière à long terme.

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