Documentaire : Opération Trump, sous l’influence du Kremlin

Entrevue 1

Alors que la course à l’élection présidentielle américaine bat son plein, un documentaire intitulé Opération Trump, réalisé par Antoine Vitkine, jette une lumière nouvelle sur les relations entre l’ancien président américain Donald Trump et la Russie. Diffusé ce dimanche soir sur France 5, ce film d’investigation explore des décennies de liens troubles entre le magnat de l’immobilier et les autorités russes, notamment les services de renseignement soviétiques et la mafia russe.

Le film interroge une question cruciale : Donald Trump a-t-il été, ou est-il toujours, sous l’influence de Moscou ? Pour répondre à cette interrogation, Antoine Vitkine remonte aux origines de cette relation singulière, qui s’établit dès les années 1980, alors que l’homme d’affaires se trouve en pleine expansion à New York. Le documentaire s’appuie sur les témoignages d’anciens espions, procureurs et proches de Trump, révélant des informations inédites sur les liens entre le Kremlin et le promoteur immobilier devenu président.

L’infiltration russe dès les années 1980

Au début des années 1980, Donald Trump, flamboyant promoteur immobilier, aspire à conquérir Manhattan avec la construction de la Trump Tower, un gratte-ciel de 58 étages qui deviendra le symbole de son empire. Mais derrière cette façade de réussite, l’entrepreneur est acculé par les dettes. C’est à ce moment-là que des oligarques russes, désireux de diversifier leurs placements à l’étranger, entrent en scène.

Le documentaire montre comment Trump, alors en quête désespérée de financement, aurait accepté des fonds de sources douteuses, notamment de la mafia russe. Kenneth McCallion, ancien procureur anti-mafia de New York, explique que de nombreux appartements de la Trump Tower ont été vendus à des individus liés au crime organisé russe, certains achetant même en liquide, par sacs entiers de billets.

Cette proximité entre Trump et les réseaux criminels russes aurait alerté les services de renseignement soviétiques. Selon l’ancien officier du KGB Oleg Kalugin, le KGB surveillait étroitement les hommes d’affaires américains à l’époque, en particulier ceux qui manifestaient des signes d’arrogance, d’ambition ou de vanité, des traits que Donald Trump incarnait parfaitement.

Moscou, la cible ultime

En 1987, Donald Trump est invité à Moscou par une agence de tourisme contrôlée par le KGB, dans l’espoir de construire un hôtel dans la capitale russe. Cette visite aurait été organisée dans le but de séduire Trump et de le lier à Moscou par des intérêts communs. L’ancien espion Serguei Jirnov, qui a travaillé au KGB à cette époque, souligne dans le film que l’objectif était de trouver un moyen de créer un lien favorable avec Trump, susceptible de bénéficier à la Russie.

Le documentaire évoque aussi la possibilité que le KGB ait constitué un dossier compromettant sur Trump lors de cette visite à Moscou, une pratique courante pour les services soviétiques à l’égard des étrangers influents. Oleg Kalugin, prudent mais catégorique, admet qu’il est fort probable que Trump ait été sous surveillance et que des informations compromettantes aient été récoltées.

Une relation durable avec le Kremlin

La dernière partie du documentaire aborde la période plus récente, notamment l’ingérence de la Russie dans la campagne présidentielle de 2016. L’enquête explore comment Trump a entouré sa campagne de conseillers liés aux intérêts russes, notamment Paul Manafort, ancien consultant pour des oligarques proches du Kremlin. La question centrale qui se pose est la suivante : les positions de Donald Trump, notamment son refus de livrer des armes à l’Ukraine, sont-elles motivées par des convictions personnelles, ou relèvent-elles d’une influence directe du Kremlin ?

Le documentaire ne prétend pas apporter des réponses définitives, mais il éclaire d’un jour nouveau la manière dont la Russie pourrait avoir utilisé Donald Trump comme un instrument de son influence sur la politique américaine. En retraçant les racines de cette relation complexe, Opération Trump nous laisse face à une seule certitude : il est difficile de déterminer où commence et où s’arrête une opération d’influence.

Ce film, diffusé à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine, pose une question brûlante : si Donald Trump devait revenir à la Maison Blanche, quel rôle jouerait encore Moscou dans ses décisions politiques ? Une interrogation qui, à l’heure actuelle, demeure sans réponse claire, mais qui soulève de nouvelles inquiétudes quant aux relations américano-russes à venir.

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