Dix ans après les attaques terroristes de 2015, la France continue de faire face à une menace terroriste jugée « très élevée ». Cette situation est exacerbée par des tensions internationales, notamment l’escalade au Proche-Orient depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
Une menace en constante évolution
Le Parquet national antiterroriste (Pnat) constate une augmentation notable des procédures liées au jihadisme, avec 59 dossiers ouverts en 2024, contre 38 en 2023. Ces procédures représentent 87 % des affaires suivies par le parquet. La montée en puissance des tensions internationales, notamment la prise de pouvoir en Syrie par Hayat Tahrir al-Sham après la chute de Bachar al-Assad, accroît les risques de remobilisation des jihadistes. Environ 150 Français sont encore retenus dans des camps ou prisons au nord-est de la Syrie.
L’État islamique (EI), principal acteur des attentats de 2015, a évolué. Si les attaques massives et coordonnées ont diminué, l’organisation inspire désormais des actions violentes perpétrées par des ressortissants français radicalisés en ligne. La DGSI note une transformation des profils : des jihadistes plus jeunes, souvent mineurs, et des recrues maîtrisant les outils numériques pour échapper aux radars.
En 2024, 18 mineurs ont été mis en examen pour des affaires terroristes, contre seulement une poignée il y a dix ans. Leur radicalisation, largement alimentée par des contenus violents sur Internet, transcende les barrières culturelles et linguistiques. Des projets d’attentats comme celui contre une salle de concert à Bruxelles illustrent ce phénomène. Les individus issus du nord-Caucase, notamment tchétchènes, figurent également parmi les profils suivis de près par les autorités.
Une vigilance accrue envers l’ultradroite et l’ultragauche
Bien que les dossiers liés à l’ultradroite soient moins nombreux (15 en dix ans), cette mouvance reste sous surveillance en raison de tendances « accélérationnistes » qui visent à exacerber les tensions communautaires. En revanche, aucune enquête ouverte en 2024 n’est liée à l’ultragauche, même si certains actes, comme les sabotages des réseaux SNCF lors des JO, inquiètent les autorités. Selon le Pnat, les discours politiques de plus en plus violents pourraient catalyser un passage à l’acte ciblant des humains.
L’anticipation et la vigilance des services de renseignement restent cruciales face à des menaces en mutation constante. Le défi pour la France est d’endiguer à la fois le risque de radicalisation numérique et les tensions importées du contexte international, tout en surveillant les mouvements extrémistes locaux.