Didier Migaud (HATVP) : Quand le contrôleur devient contrôlé… par lui-même ?
Dans les couloirs feutrés du pouvoir, le nom de Didier Migaud, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), circule avec insistance pour succéder à Éric Dupond-Moretti au ministère de la Justice. Mais derrière cette promotion se cache une ironie savoureuse : Migaud, qui a passé des années à contrôler la probité des élus, pourrait bientôt se contrôler lui-même.
Un ancien socialiste perdu au milieu des barons conservateurs du futur gouvernement Barnier ? Presque un paradoxe ambulant. On aurait pu espérer qu’en promettant « l’ouverture à gauche », Barnier pêcherait quelques grosses prises du Nouveau Front Populaire (NFP). Mais non, l’ancien député de l’Isère et ex-président de la Cour des comptes semble être la seule carte jouable.
L’homme de la transparence se retrouve donc au cœur de ce qui pourrait devenir un joli casse-tête : comment pourra-t-il s’assurer que le futur ministre de la Justice, à savoir lui-même, est bien en règle avec ses déclarations de patrimoine ? On imagine déjà le dialogue interne. Le contrôleur demandant des comptes au contrôlé, qui n’est autre que lui-même : « Alors Didier, tu es sûr que cet appartement près de Nation ne cache pas un enrichissement soudain ? ».
Et que dire des murmures qui courent déjà sur ses ambitions pour le Conseil constitutionnel ? Un chef de parti ironisait d’ailleurs : « Migaud au ministère de la Justice, c’est juste une étape avant de décrocher la place tant convoitée au Conseil ». Il paraît que l’homme de la transparence pourrait lui aussi avoir un goût prononcé pour la stratégie de carrière. Mais ne soyons pas mesquins.
Reste à savoir comment il comptera gérer les inévitables accusations de conflits d’intérêts. Certains se demandent déjà comment Migaud pourra être juge et partie à la fois. Mais après tout, avec ses décennies passées à manier les subtilités des finances publiques et à contrôler les comptes des autres, peut-être se considère-t-il comme le candidat idéal pour vérifier… ses propres agissements.
En attendant, la situation prête à sourire. Le premier à en rire, c’est sans doute Éric Dupond-Moretti lui-même, qui n’a pas manqué de lancer une pique bien sentie à son potentiel successeur : « Alors Didier, t’as refusé d’être ministre parce que t’avais peur qu’on découvre l’étendue de ta fortune ? ». Une petite taquinerie, certes, mais qui illustre bien l’ambiance.