Des fragments du jubé de Notre-Dame exposés pour la première fois au musée de Cluny

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Pour la première fois, des fragments du jubé médiéval de Notre-Dame, découverts lors des fouilles archéologiques menées après l’incendie de 2019, sont présentés au public. Ces pièces d’une valeur historique inestimable constituent le cœur de l’exposition Faire parler les pierres. Sculptures médiévales de Notre-Dame, visible jusqu’au 16 mars 2025 au musée de Cluny, à Paris.

Une découverte archéologique majeure

Le jubé, construit vers 1230, servait autrefois de tribune et de clôture entre la nef et le chœur de la cathédrale. Détruit au XVIIIe siècle, il n’en subsistait jusqu’alors qu’une quinzaine de fragments, découverts au XIXe siècle sous la direction d’Eugène Viollet-le-Duc. Mais les fouilles préventives réalisées en 2022 ont mis au jour près de 1 000 nouveaux fragments, dont 700 conservent encore leur polychromie. Ces découvertes, réalisées sur une surface de seulement quinze mètres carrés, offrent un éclairage inédit sur les décors médiévaux de la cathédrale.

Des sculptures restaurées et colorées

Parmi les fragments exposés, les visiteurs peuvent admirer des visages finement sculptés, des mains délicates ou encore des animaux minutieusement détaillés. Les couleurs originelles, éclatantes et bien préservées, témoignent du savoir-faire des artisans du XIIIe siècle. Ces teintes rouge vif, bleu profond et dorées nécessitent toutefois une grande précaution : à leur découverte, elles étaient extrêmement fragiles, comme l’a expliqué Christophe Besnier, archéologue de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Un processus de stabilisation et de restauration a débuté en mai 2024, accompagné d’une recherche scientifique approfondie. Les archéologues projettent notamment une reconstitution 3D du jubé, un travail qui pourrait prendre plusieurs années.

Une plongée dans l’histoire de la cathédrale

L’exposition ne se limite pas aux fragments du jubé. Elle présente également des sculptures issues des portails de la cathédrale, redécouvertes et restaurées après avoir été mutilées ou dispersées pendant la Révolution française. Parmi elles, des statues-colonnes du portail Sainte-Anne et des fragments polychromes du portail du Jugement dernier révèlent des détails saisissants, comme des anges aux ailes dégradées de vert et de jaune ou des damnés arborant des visages maculés de violet pour symboliser la putréfaction.

Damien Berné, commissaire de l’exposition, a souligné l’importance de ces travaux pour renouveler la compréhension des décors sculptés de Notre-Dame. Il espère que ces découvertes permettront d’enrichir la recherche sur l’art médiéval et de suivre de nouveaux points d’étape dans les années à venir.

Une restitution des savoirs interdisciplinaires

L’exposition met également en lumière l’interdisciplinarité des recherches menées autour de ces œuvres. Géologues, restaurateurs, archéologues et historiens de l’art ont collaboré pour analyser les matériaux, les couleurs et les techniques de fabrication des sculptures. Ces travaux permettent de mieux comprendre la richesse artistique et symbolique de Notre-Dame, véritable trésor du patrimoine médiéval.

Avec ces fragments de jubé et ces sculptures restaurées, l’exposition Faire parler les pierres invite à une redécouverte fascinante de l’histoire et de l’architecture de la célèbre cathédrale parisienne.

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