Selon les informations de France Inter et Libération, plusieurs écrivains à succès, dont Kamel Daoud, Gaël Faye, Mélissa Da Costa, David Foenkinos et Joël Dicker, ont décidé de boycotter le déjeuner annuel organisé par L’Express, qui se tient ce mercredi 5 février. En cause : la présence de Jordan Bardella, président du Rassemblement national, invité en raison du succès de son autobiographie Ce que je cherche (Fayard), écoulée à 140 000 exemplaires. Certains auteurs estiment que partager ce moment mondain avec lui reviendrait à participer à une forme de normalisation de son parti. « Que Bardella écrive des livres, qu’il les vende, qu’il ait des millions d’électeurs, c’est une chose. Mais boire du champagne avec lui et poser à côté de lui, c’en est une autre », a confié l’un d’eux à France Inter.
Toujours selon ces médias, les auteurs reprochent également à L’Express de ne pas les avoir informés à l’avance de la présence du leader du RN. Le directeur de la rédaction, Éric Chol, assume néanmoins cette invitation, expliquant que le magazine convie chaque année les auteurs ayant marqué les ventes, sans distinction idéologique. « Nous invitons aussi des gens que nous combattons dans les pages du journal », a-t-il déclaré à Libération, rappelant que des personnalités politiques, comme Simone Veil ou Éric Zemmour, avaient déjà participé à cet événement.
Cette controverse souligne une nouvelle fois les tensions autour de la place de l’extrême droite dans le monde culturel. Certains écrivains refusent toute forme de rapprochement, redoutant une instrumentalisation de leur image, notamment via la traditionnelle photo de groupe. D’autres, comme Amélie Nothomb, seront bien présentes. Quoi qu’il en soit, ce boycott illustre un malaise persistant et pose une question plus large : faut-il séparer la reconnaissance littéraire des engagements politiques d’un auteur ?