Des allocations familiales dès le 1er enfant ?

Entrevue 1

Le 6 mars prochain, l’Assemblée nationale s’apprête à examiner une proposition de loi qui pourrait marquer un tournant dans la politique familiale française. Jusqu’ici, les allocations familiales étaient réservées aux foyers ayant au moins deux enfants. Le texte porté par la députée Anne Bergantz et soutenu par le groupe MoDem propose d’ouvrir ce droit dès le premier enfant, une mesure qui concernerait 3,6 millions de familles. Déjà votée à l’unanimité en commission des affaires sociales le 19 février, cette réforme vise à mieux répondre aux mutations sociales et démographiques. Son adoption permettrait d’accorder une aide financière à de nombreux foyers, notamment monoparentaux, qui ne bénéficient pas aujourd’hui de ces prestations.

Le texte prévoit le versement d’une allocation forfaitaire de 70 euros par mois et par enfant. Contrairement au système actuel, cette aide serait universelle, sans condition de revenus ni distinction selon le nombre d’enfants. Son coût total est estimé à 250 millions d’euros, un montant qui pourrait être compensé par une hausse des taxes sur le tabac. Cette évolution s’inscrit dans un contexte de natalité en berne. En 2024, le taux de fécondité a chuté à 1,62 enfant par femme, un niveau historiquement bas depuis 80 ans. Les familles avec un seul enfant représentent aujourd’hui 47 % des foyers, contre seulement 12 % ayant trois enfants.

Si cette loi est adoptée, elle ne s’appliquera qu’aux enfants nés après sa promulgation, soit à partir de 2027. Le gouvernement devra également rendre un rapport détaillant les pistes de réforme des allocations familiales afin de garantir leur universalité sans impacter les familles nombreuses. Toutefois, cette mesure à elle seule ne suffira pas à relancer la natalité. L’Union nationale des associations familiales (Unaf) alerte sur la nécessité d’un soutien plus large aux parents, notamment par une réforme du congé parental et un meilleur accès aux modes de garde.

Si l’élargissement des allocations familiales représente une avancée symbolique, il s’inscrit dans un débat plus large sur la place des parents dans la société. L’enjeu dépasse la simple question financière : il s’agit de garantir aux familles un environnement favorable pour accueillir des enfants et répondre aux défis démographiques des prochaines décennies.

Thumbnail