Le président américain Joe Biden et son homologue chinois Xi Jinping se retrouvent ce samedi à Lima, au Pérou, pour un ultime tête-à-tête avant la fin du mandat de l’actuel locataire de la Maison-Blanche. Cette rencontre, en marge du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (Apec), marque la fin d’une ère diplomatique marquée par des tensions persistantes entre les deux superpuissances, alors que l’ombre de Donald Trump plane déjà sur la transition politique.
Un dernier échange dans un climat tendu
Cette réunion à l’hôtel où séjourne Xi Jinping représente la troisième et dernière rencontre officielle entre les deux dirigeants. Elle intervient à un moment clé, Joe Biden, 81 ans, étant sur le point de céder sa place en janvier à son successeur républicain, Donald Trump, récemment réélu.
Ces discussions, selon les conseillers américains, visent à capitaliser sur les progrès réalisés lors du précédent sommet de l’Apec, il y a un an à San Francisco. Pourtant, la relation sino-américaine reste marquée par des désaccords profonds sur des dossiers comme le commerce, la technologie, le statut de Taïwan ou encore les droits humains.
Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale de Biden, a insisté cette semaine sur l’importance de maintenir des lignes de communication ouvertes dans cette période de transition. “Ce ne sera pas une simple rencontre d’adieu”, a-t-il assuré, rappelant que des sujets sensibles comme la sécurité en mer de Chine méridionale ou les échanges militaires figurent à l’agenda.
Si Biden cherche à stabiliser les relations avant son départ, la réélection de Donald Trump promet de bouleverser cet équilibre précaire. Le milliardaire a déjà annoncé une ligne dure vis-à-vis de Pékin, menaçant d’imposer des droits de douane massifs pouvant atteindre 60 % sur les produits chinois.
Lors de son premier mandat, Trump avait déclenché une guerre commerciale avec la Chine pour tenter de rééquilibrer la balance commerciale en faveur des États-Unis. Xi Jinping, quant à lui, a récemment dénoncé “la montée de l’unilatéralisme et du protectionnisme”, avertissant que le monde entrait dans “une nouvelle période de turbulences et de transformation”.
Une diplomatie à reconstruire
Pour Joe Biden, ce dernier sommet est aussi l’occasion de rassurer ses alliés, notamment dans la région Asie-Pacifique, où les tensions avec la Chine sont les plus vives. Vendredi, le président américain a rencontré les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud pour réaffirmer l’importance de leur alliance tripartite, qu’il a qualifiée de “construite pour durer”.
Cependant, de nombreux observateurs, comme l’analyste péruvien Farid Kahhat, soulignent l’incertitude liée à l’imprévisibilité de Donald Trump. “Avec Biden, un accord a des chances d’être respecté. Avec Trump, tout peut changer du jour au lendemain”, avertit-il.
Après le sommet de Lima, Joe Biden et Xi Jinping se rendront au Brésil pour participer au G20. Avant cela, Biden visitera l’Amazonie, marquant son engagement dans la lutte contre le changement climatique. Ce déplacement illustre le fossé idéologique qui le sépare de Trump, lequel avait retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat et envisage de répéter ce geste lors de son second mandat.
Alors que Biden boucle son mandat, la scène internationale s’apprête à entrer dans une nouvelle phase d’instabilité. Entre les ambitions protectionnistes de Trump et les avertissements de Xi Jinping sur une économie mondiale fragmentée, le prochain chapitre des relations sino-américaines s’annonce incertain.
Pour Joe Biden, ce dernier tête-à-tête avec Xi Jinping symbolise à la fois une tentative de consolidation et un adieu teinté de doutes face à un avenir incertain.