Emmanuel Macron s’apprête à désigner son nouveau Premier ministre, une décision attendue dans les prochaines heures, à l’issue d’un dernier Conseil des ministres présidé par Michel Barnier. Ce rendez-vous marque la fin d’une brève mission pour le Premier ministre déchu, dont le gouvernement a été censuré la semaine dernière, trois mois après sa nomination.
Au cœur de cette ultime réunion gouvernementale se trouve un projet de loi temporaire visant à garantir la continuité des services publics à partir de janvier. Ce texte d’urgence, qui sera soumis au vote de l’Assemblée nationale lundi prochain avant de passer au Sénat, autorisera le gouvernement à lever les impôts et à engager des dépenses sur la base du budget 2024. L’objectif : pallier l’absence d’un budget 2025, suspendu depuis la censure de l’exécutif. Avec un déficit public dépassant les 6 % du PIB cette année, la France affiche l’un des pires bilans en Europe, juste derrière la Roumanie.
Vers un nouveau Premier ministre
Emmanuel Macron a réuni mardi les chefs des principaux partis politiques – à l’exception de l’extrême droite et de la gauche radicale – pour préparer la suite. Il a promis de nommer son prochain chef de gouvernement d’ici jeudi, probablement dès ce mercredi, avant de s’envoler pour la Pologne. Le futur Premier ministre aura pour mission de négocier un accord politique afin d’éviter une nouvelle motion de censure. Parmi les pistes envisagées : des alliances ponctuelles sur certains textes ou un accord de « non-censure ».
Durant cette réunion à huis clos, les différents partis ont exposé leurs conditions. Marine Tondelier, leader des écologistes, a proposé de renoncer à l’utilisation du 49.3 en échange d’un engagement des oppositions à ne pas déposer de motion de censure. Une idée appuyée par le communiste Fabien Roussel, qui a évoqué un possible « échange de bons procédés ». Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, s’est montré favorable à cette démarche, tout en soulignant que le nom du prochain Premier ministre serait décisif.
Les favoris pour Matignon
Les spéculations vont bon train sur le futur locataire de Matignon. Parmi les noms qui circulent figurent François Bayrou, allié historique d’Emmanuel Macron, ainsi que les ministres sortants Catherine Vautrin et Sébastien Lecornu. L’ancien ministre socialiste Jean-Yves Le Drian, actuellement envoyé spécial au Liban, a pour sa part décliné l’offre, bien que certains espèrent encore le convaincre.
Depuis la dissolution de l’Assemblée en juin dernier, le paysage politique reste profondément fragmenté entre trois blocs : la gauche unie, la droite, et le camp macroniste. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, a mis en garde ses alliés socialistes, écologistes et communistes contre toute participation à un accord avec le gouvernement. « Pas de coalition ! Pas de ‘non-censure’. Revenez à la raison et à la maison ! » a-t-il martelé.
Alors que l’Élysée s’apprête à tourner une nouvelle page, le futur Premier ministre aura la lourde tâche de redresser une situation politique et budgétaire particulièrement tendue.