Démissionnaire depuis 38 jours, le gouvernement Gabriel Attal bat le record du plus long gouvernement en affaires courantes
Le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal vient d’établir un record historique sous la Ve République : celui du plus long mandat en affaires courantes. Après avoir présenté sa démission, finalement acceptée le 16 juillet 2024 par Emmanuel Macron, Gabriel Attal et son équipe continuent à gérer les affaires courantes du pays depuis 38 jours, un record qui dépasse les 37 jours observés sous la IVe République. Cette situation soulève des interrogations sur la stabilité politique en France, alors que le pays attend toujours la nomination d’un nouveau Premier ministre.
Historiquement, de telles périodes prolongées de gouvernement démissionnaire étaient plus courantes sous la IVe République, qui était marquée par une grande instabilité ministérielle. Cependant, sous la Ve République, des latences aussi longues sont rares. En 1962, après une motion de censure, un délai de 62 jours s’était écoulé avant la formation d’un nouveau gouvernement, mais c’était en période de référendum et d’élections législatives. Aujourd’hui, aucun scrutin n’est en jeu, ce qui laisse perplexe sur les raisons d’un tel retard dans la nomination d’un successeur à Gabriel Attal.
Cette lenteur est loin de faire l’unanimité, notamment du côté de l’opposition. Les critiques fusent, et le Nouveau Front Populaire (NFP), en particulier, ne mâche pas ses mots. Mathilde Panot, cheffe de file des Insoumis, a dénoncé cette prolongation comme un véritable « record de scandale démocratique ». Elle reproche à Emmanuel Macron de ne pas respecter le verdict des législatives de juillet, qui ont vu la gauche unie arriver en tête, et l’accuse de bloquer le processus démocratique en ne nommant pas rapidement un nouveau chef de gouvernement.
Alors que les consultations politiques initiées par Emmanuel Macron ont débuté ce vendredi 23 août, l’incertitude demeure. Le président a entamé une série de discussions avec les différentes forces politiques du pays, espérant trouver une majorité stable. Cette période d’attente pourrait toutefois s’achever bientôt, avec des décisions attendues dans les prochains jours. Mais pour l’heure, les critiques se multiplient, et l’ombre d’une possible procédure de destitution, agitée par certains, continue de planer sur l’Élysée.
Alice Leroy