Le ministère de l’Économie a annoncé la création d’un comité scientifique indépendant, chargé de formuler des recommandations pour améliorer la qualité des prévisions économiques et le suivi des finances publiques. Cette décision fait suite aux écarts budgétaires significatifs observés en 2023 et 2024, qui ont vu le déficit public de la France s’élever de manière imprévue.
Objectifs : renforcer la fiabilité des prévisions et la transparence
Antoine Armand, ministre de l’Économie, et Laurent Saint-Martin, ministre des Comptes publics, ont confié à ce comité scientifique une double mission. D’une part, le comité devra proposer des solutions pour améliorer la précision des prévisions macroéconomiques dans un contexte marqué par des fluctuations économiques difficiles à anticiper. D’autre part, il visera à améliorer le suivi budgétaire tout au long de l’année, notamment en renforçant la transparence vis-à-vis du Parlement.
Le comité est composé de neuf experts reconnus, dont Jean-Luc Tavernier (directeur général de l’Insee), François Ecalle (fondateur du site Fipeco), Olivier Garnier (économiste à la Banque de France), Camille Landais (président délégué du Conseil d’analyse économique) et Ludovic Subran (économiste en chef chez Allianz). Ces spécialistes, sélectionnés pour leur indépendance et leur expertise, apporteront un regard neuf sur les méthodes de prévision actuelles.
Un déficit plus élevé que prévu
Le déficit public, initialement prévu à 4,4 % du PIB en 2024, devrait atteindre 6,1 % selon les dernières prévisions. Cette dégradation est principalement due à des recettes fiscales inférieures aux attentes et à une croissance économique révisée à la baisse (de 1,4 % à 1,1 %). Les écarts importants entre les prévisions et les résultats réels ont déjà suscité des critiques et des inquiétudes quant à la crédibilité de la France en matière de gestion budgétaire au sein de la zone euro.
Le ministère de l’Économie a également souligné que cette initiative ne remet en question ni la qualité des équipes techniques de Bercy ni les analyses de l’Inspection générale des finances (IGF), mais vise à identifier des pistes d’amélioration. La Cour des comptes, par l’intermédiaire de son président Pierre Moscovici, a d’ailleurs suggéré récemment d’accorder à une institution indépendante, comme le Haut conseil des finances publiques, la responsabilité des prévisions.
Les conclusions du comité sont attendues mi-décembre et devraient constituer la base d’un plan d’action qui sera ensuite présenté par les ministres de l’Économie et du Budget.