Déficit public : Bruno Le Maire brise le silence et accuse les députés

Entrevue 1

L’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a adopté un ton combatif ce jeudi 12 décembre, lors de son audition par la commission d’enquête de l’Assemblée nationale. Face aux parlementaires enquêtant sur les causes du dérapage des comptes publics pour les années 2023 et 2024, il n’a pas hésité à renverser les rôles, accusant ses interlocuteurs d’« hypocrisie ».

Une commission sous tension

La commission d’enquête, initiée par Eric Coquerel (LFI), président de la commission des Finances, a reçu des pouvoirs exceptionnels pour six mois afin de faire la lumière sur les écarts entre les prévisions budgétaires et les réalités économiques des deux dernières années. Le déficit public, initialement prévu à 4,4 % du PIB pour 2023, a explosé pour atteindre 6,1 %. Cette situation, qualifiée d’« irresponsabilité budgétaire » par un rapport du Sénat, a suscité de vives critiques à l’encontre des gouvernements précédents.

Dès le début de son discours, Bruno Le Maire a adopté un ton offensif : « En sept jours avec la censure, vous avez fait dérailler à nouveau la France », a-t-il déclaré, en référence aux débats houleux qui ont conduit à la motion de censure du gouvernement Barnier. Il a accusé les parlementaires d’avoir alourdi les mesures de soutien au Covid tout en refusant de sortir de ces dépenses exceptionnelles.

« Vous vous précipitez au ‘20 heures’’ pour annoncer la revalorisation des retraites au 1er janvier, et vous prétendez vouloir réduire la dette ? Hypocrisie », a-t-il lancé, répétant ce mot-clé à plusieurs reprises.

Bruno Le Maire a également ciblé ce qu’il considère comme une perte de vue des réalités économiques : « Cette Assemblée taxe, dépense, censure. Elle offre un spectacle d’invectives et de menaces verbales, sans jamais s’attaquer aux vrais problèmes. »

Des accusations de populisme

Ces propos ont suscité l’indignation de plusieurs députés. Eric Ciotti (UDR), co-rapporteur de la commission, a fustigé une « condescendance » et une attitude proche de « l’antiparlementarisme ». Jean-Philippe Tanguy (RN) a pour sa part questionné : « Si vous n’êtes responsable de rien, est-ce Emmanuel Macron qui doit porter le poids de cette gestion ? »

Face aux critiques, Bruno Le Maire a admis une part de responsabilité, notamment sur les dépenses liées aux crises du Covid et de l’inflation. Cependant, il a défendu sa gestion en rappelant les économies qu’il avait proposées mais que les députés auraient « écartées d’un revers de la main ».

Pour l’ancien ministre, le débat essentiel reste celui du modèle économique français. Il a mis en garde contre « le noeud coulant des taux d’intérêt », prévenant que la France ne risque pas une « mort subite » mais bien une « mort lente » si les réformes n’étaient pas entreprises rapidement.

La confrontation entre Bruno Le Maire et les députés souligne les tensions autour de la gestion budgétaire de la France. La commission d’enquête poursuivra ses travaux dans les mois à venir, avec des auditions qui devraient continuer d’alimenter le débat sur les responsabilités politiques et les choix économiques à venir.

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