Lors de son audition au Sénat ce jeudi 7 novembre, l’ancien ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a défendu son bilan face aux sénateurs qui l’interrogeaient sur le dérapage budgétaire du pays. En quittant son poste après sept ans à Bercy, il a fait vœu de silence mais, désormais libéré de ses fonctions, il entend « dire sa vérité » sur les finances publiques. Se disant « solidaire » des décisions du gouvernement Macron, il assure néanmoins ne pas porter toute la responsabilité de la dégradation actuelle du budget.
Un « grave dérapage » budgétaire expliqué par une erreur technique
Bruno Le Maire réfute les accusations de tromperie et d’insincérité budgétaire, affirmant que l’ampleur du déficit est en grande partie due à une « erreur technique » d’évaluation des recettes fiscales, indépendante de toute intervention politique. Il reconnaît que cette évaluation a été incorrecte et que le gouvernement, lui aussi, en paye le prix.
Pour l’ancien ministre, le déficit budgétaire de 6,1 % prévu pour 2024 est le résultat d’une « conjoncture exceptionnelle » marquée par la crise sanitaire et l’inflation. Selon lui, ce chiffre pourrait être ramené à 5,5 % si les nouvelles mesures qu’il avait prévues avec Thomas Cazenave, alors ministre des Comptes publics, avaient été mises en place. Ces propositions auraient permis d’éviter les hausses d’impôts et de contenir le déficit en dessous de la barre des 6 %, selon lui.
Responsabilité partagée et arbitrages perdus
Bien que Bruno Le Maire insiste sur sa part de responsabilité en tant qu’ancien chef des Finances, il rappelle que les décisions économiques ne sont pas prises en solitaire. Il souligne avoir perdu plusieurs arbitrages, comme la modération des prestations sociales et des retraites, mais précise que ces décisions sont le résultat de délibérations collectives. Pour lui, ce déficit budgétaire est davantage un choix politique du gouvernement actuel, dirigé par Michel Barnier, que la conséquence d’un manquement de son ministère.
Tout au long de son audition, Bruno Le Maire s’est défendu de toute malhonnêteté. Il maintient qu’aucune faute, dissimulation ou volonté de tromperie n’a guidé l’évaluation des recettes fiscales. Pour lui, la situation résulte d’un contexte imprévisible, marqué par la pandémie et les hausses de prix, auxquels il a réagi en mobilisant des soutiens massifs.
Un déficit sous contrôle, selon Le Maire
L’ancien ministre estime que, sous sa direction, la trajectoire budgétaire était maîtrisée, rappelant que, lors de son entrée au gouvernement, le déficit était supérieur à 3 %. Cependant, l’impact des aides liées au Covid-19 et à l’inflation a entraîné une augmentation des dépenses publiques, qu’il estime inévitable.
À l’issue de son audition, les sénateurs, notamment le rapporteur LR Jean-François Husson, sont restés sceptiques face aux justifications de Bruno Le Maire. Ce dernier défend néanmoins son bilan, rappelant que des réformes budgétaires avaient été prévues avant son départ. Il espère que son témoignage ne sera pas occulté par les critiques du gouvernement actuel et que son bilan de sept ans à Bercy sera reconnu.