La déclaration de politique générale de François Bayrou, prévue ce mardi à 15h devant l’Assemblée nationale, s’annonce sous haute tension. Après plusieurs heures de discussions lundi avec le Parti socialiste, aucun accord de non-censure n’a été trouvé. Le PS, par la voix de son secrétaire général Pierre Jouvet, a dénoncé l’absence d’avancées sur leur revendication clé : la suspension immédiate de la réforme des retraites, exigée comme gage pour engager de nouvelles discussions.
Au cœur des négociations, la suspension proposée par le PS viserait à figer l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans et demi, contre une augmentation progressive à 64 ans prévue par la réforme. Une concession qui divise le camp présidentiel. Si certains proches de Bayrou, comme Yaël Braun-Pivet, se disent ouverts à une pause temporaire, d’autres, notamment Edouard Philippe et Mathieu Lefèvre, dénoncent un recul budgétairement coûteux, estimé à 3 milliards d’euros pour 2025.
La droite républicaine, pilier du gouvernement, a également haussé le ton. Laurent Wauquiez a averti que tout compromis sur cette réforme clé entraînerait le retrait du soutien de son parti. Valérie Pécresse a renchéri en qualifiant l’idée de suspension de « saut dans le vide sans parachute ». Cette opposition interne complique la tâche du Premier ministre, déjà fragilisé par le spectre d’une motion de censure déposée par La France insoumise.
François Bayrou doit également composer avec une pression croissante du Parti socialiste, renforcé par son rôle d’arbitre entre les blocs. Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a rappelé que la suspension de la réforme est indispensable pour garantir une renégociation sérieuse. Le PS propose de financer ce gel par le Fonds de réserve des retraites, une idée rejetée par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet.
Malgré l’absence probable de soutien du Rassemblement national à la motion LFI, la position du gouvernement reste précaire. En cas d’échec des pourparlers avec la gauche non-mélenchoniste, la stabilité politique pourrait être remise en question lors des prochaines étapes budgétaires. La déclaration de François Bayrou, très attendue, devra tracer un chemin délicat entre concessions et fermeté.
