En 2024, la France assiste à un écho des événements de 2016 avec une nouvelle proposition de destitution, cette fois contre Emmanuel Macron, formulée par La France insoumise (LFI). Comme en 2016, cette démarche reflète des tensions politiques profondes et souligne la complexité du processus de destitution sous la Ve République.
En 2016, la tentative de destitution de François Hollande par Les Républicains (LR) était motivée par des accusations de violation du secret-défense divulguées dans le livre « Un président ne devrait pas dire ça… ». Les Républicains ont argumenté que Hollande avait compromis la sécurité nationale par ses confidences aux journalistes, une action jugée incompatible avec ses devoirs de président.
En 2024, LFI lance une proposition similaire contre Emmanuel Macron. Bien que les détails spécifiques des griefs de LFI n’aient pas été explicités dans le même détail que ceux contre Hollande, le contexte politique est marqué par des débats intenses sur la gestion du gouvernement et des critiques envers la présidence de Macron, notamment concernant des politiques économiques et sociales controversées.
La procédure de destitution reste inchangée depuis celle tentée contre Hollande. Elle nécessite toujours l’approbation initiale par le Bureau de l’Assemblée nationale sur la recevabilité de la proposition, suivie de l’adoption par une majorité des deux tiers de l’Assemblée nationale et du Sénat, avant d’être finalement jugée par la Haute Cour.
La tentative de destitution d’Emmanuel Macron en 2024 par La France Insoumise (LFI) se heurte à des obstacles institutionnels et politiques similaires à ceux rencontrés lors de la tentative contre François Hollande en 2016. En effet, bien que LFI détienne plus de sièges au Bureau de l’Assemblée nationale, le soutien des autres fractions politiques, en particulier du Parti Socialiste (PS), s’avère crucial. Olivier Faure, le leader du PS, a explicitement refusé de soutenir cette initiative, préférant envisager une motion de censure dans le cas où Macron refuserait de nommer un Premier ministre issu de la gauche. Cette divergence entre les principaux membres du Nouveau Front populaire (NFP) diminue considérablement les chances de succès d’une telle procédure, nécessitant une majorité des deux tiers à la fois à l’Assemblée et au Sénat, puis un vote favorable de la Haute Cour.
Ces tentatives de destitution, bien que peu susceptibles d’aboutir, fonctionnent comme des déclarations politiques fortes, mettant en lumière les critiques des partis d’opposition envers les présidents en exercice. Elles reflètent également un usage stratégique de procédures légales pour exprimer des dissatisfactions politiques profondes, même en sachant que les chances de succès sont minimes.
La répétition de cette démarche en 2024 démontre la persistance de divisions profondes dans le paysage politique français et le recours continu à des mécanismes constitutionnels comme moyens de contestation politique. Pour LFI, comme pour LR en 2016, la proposition de destitution sert autant à mobiliser leur base qu’à tenter de façonner l’agenda politique national a travers un coup de communication.
Ces parallèles entre 2016 et 2024 montrent non seulement la continuité des tensions politiques en France, mais aussi l’évolution des stratégies des partis minoritaires dans leur quête pour influencer ou critiquer le gouvernement central.