Le débat sur la fin de vie s’annonce comme l’un des sujets phares de ce début d’année. La proposition de loi portée par Olivier Falorni, visant à autoriser l’euthanasie active, a été réinscrite à l’agenda parlementaire pour fin janvier-début février. Si Emmanuel Macron s’est dit favorable à une discussion sur ce texte, le nouveau contexte politique, marqué par la nomination de François Bayrou à Matignon, pourrait rebattre les cartes. Opposé à une telle réforme, Bayrou avait déclaré en 2023 : « Je ne veux pas être du côté de la mort. »
Le président de l’Association des maires de France, David Lisnard, a pris position contre cette réforme dans un entretien au Point. Il estime que légaliser l’aide active à mourir constituerait un « basculement anthropologique majeur ». S’appuyant sur une expérience personnelle douloureuse, le maire de Cannes met en garde contre les dérives observées dans des pays ayant légalisé l’euthanasie, tels que la Belgique, la Suisse ou le Canada. Selon lui, la loi Claeys-Leonetti de 2005 offre un cadre éthique équilibré, garantissant le respect de la dignité humaine sans franchir des frontières dangereuses.
Pour David Lisnard, l’urgence réside ailleurs : répondre au manque criant de soins palliatifs. « Seulement 50 % des besoins sont couverts », rappelle-t-il, pointant le déficit de 4 000 lits spécialisés et des disparités territoriales. Il appelle à un investissement massif pour garantir un accompagnement digne, soulager la douleur et développer la recherche médicale.
L’élu conteste également l’expression « droit à mourir dans la dignité », qu’il considère biaisée. Pour lui, la dignité humaine demeure intacte, même dans la souffrance ou la déchéance physique. Ce qui serait « indigne », selon lui, c’est de ne pas traiter la douleur ou de céder à la facilité de l’euthanasie face à des situations tragiques mais parfois réversibles.
David Lisnard conclut en avertissant contre une telle réforme, qu’il juge précipitée : « Ne jouons pas avec le feu. L’agonie ne doit pas devenir un prétexte à l’euthanasie. » Pour lui, le débat ne devrait pas se concentrer sur un « droit à mourir », mais sur la capacité à accompagner la vie jusqu’à son terme avec humanité et respect.