David Amiel déplore un « dérèglement démocratique » et critique le projet de budget du gouvernement

Entrevue 1

À l’approche de la reprise des débats sur le projet de loi de finances à l’Assemblée nationale, David Amiel, député Renaissance de Paris, a partagé ses inquiétudes dans une interview à La Tribune Dimanche. Selon lui, le budget en discussion est un véritable « Frankenstein » conçu par une alliance de circonstance entre le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire (NFP). Il qualifie ce projet d’incohérent, critiquant une « explosion d’impôts » et des choix qu’il juge dangereux, tels que la réduction de la contribution française au budget de l’Union européenne et la suppression de la sécurité d’approvisionnement en électricité.

David Amiel reproche au gouvernement Barnier son manque de vision stratégique. En effet, il estime que l’administration ne semble pas voir plus loin que les trois prochains mois et s’inquiète de l’impact des charges accrues sur le travail, qui risquent d’entraîner une hausse du chômage. Il propose une réforme alternative pour alléger les charges entre 1,2 et 1,9 fois le SMIC, afin de débloquer entre 3 et 5 milliards d’euros de salaires sans alourdir le coût du travail. Il espère que le gouvernement adoptera cette approche pour favoriser la progression salariale et réduire le chômage.

Une politique économique en décalage avec celle d’Emmanuel Macron ?

David Amiel observe une rupture avec la politique économique menée par Emmanuel Macron depuis 2017, notamment en matière de réindustrialisation, de baisse du chômage et de transition écologique. Il estime que ces enjeux cruciaux sont aujourd’hui absents du débat et appelle à un ajustement budgétaire qui ne nuise pas à l’ambition de long terme. Il évoque la possibilité de supprimer un jour férié, à condition que cette mesure finance des investissements pour l’environnement, l’école et l’innovation.

Au-delà des questions économiques, Amiel dénonce un climat politique sous tension et parle de « dérèglement démocratique ». Selon lui, l’Assemblée, censée être celle des compromis, est au contraire dominée par des alliances fragiles et conflictuelles. Il regrette le choix des socialistes de s’aligner sur les propositions de La France insoumise, plutôt que de collaborer avec le bloc central pour établir un compromis historique autour de la justice fiscale. Amiel avait, de son côté, proposé un « filet fiscal » pour lutter contre l’optimisation abusive des plus riches, partiellement repris par le gouvernement, mais qui n’a pas rencontré le soutien nécessaire de la gauche modérée.

David Amiel plaide pour un retour à un débat politique axé sur des réformes équilibrées et pérennes. Il évoque les exemples historiques de 1945 et 1958, où des coalitions républicaines avaient permis de bâtir des solutions durables pour la France, et souligne que l’urgence est aujourd’hui de travailler ensemble pour éviter de céder du terrain à l’extrême droite.

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