En déplacement à Marseille, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé des mesures ambitieuses pour intensifier la lutte contre le narcotrafic. L’objectif : s’attaquer directement aux ressources financières des trafiquants et isoler les figures majeures en prison.
Des mesures d’isolement inspirées des détenus pour terrorisme
Gérald Darmanin souhaite appliquer des conditions de détention semblables à celles des condamnés pour terrorisme aux 100 principaux narcotrafiquants emprisonnés en France. Lors de sa visite à la prison des Baumettes, il a annoncé une expérimentation baptisée « appartement témoin » pour encadrer étroitement ces détenus, incluant des fouilles renforcées et le brouillage de leurs communications. « Il est inacceptable que des trafiquants continuent de gérer leurs affaires ou commanditent des assassinats depuis leur cellule », a-t-il déclaré.
Le ministre prévoit également de renforcer les moyens dédiés à la lutte contre le blanchiment d’argent et de traquer les biens « mal acquis », y compris à l’étranger, notamment à Dubaï, où se réfugient certains barons de la drogue. Il souhaite en outre alourdir les sanctions contre ceux qui menacent ou corrompent les agents de l’État, rappelant que certains gardiens de prison et leurs familles subissent des pressions intolérables.
Un budget et des moyens encore incertains
Les syndicats pénitentiaires ont accueilli ces annonces avec scepticisme. FO Justice, souligne que « ces mesures nécessitent un budget conséquent ». Elle plaide pour une classification des établissements pénitentiaires afin d’adapter les infrastructures aux profils des détenus, tout en rappelant que « les quartiers d’isolement et les prisons sont déjà surpeuplés ».
Le ministre espère obtenir 500 millions d’euros supplémentaires pour installer des brouilleurs d’ondes dans les prisons, un dispositif jugé essentiel face aux 40 000 téléphones portables confisqués en 2024. Mais comme l’a souligné Force Ouvriere, « l’administration pénitentiaire reste souvent la dernière priorité budgétaire ».
À Marseille, les règlements de comptes mortels liés au narcotrafic ont été réduits de moitié entre 2023 et 2024. Gérald Darmanin veut capitaliser sur cette tendance en intensifiant les efforts contre les criminels les plus dangereux. « Personne ne comprend qu’ils puissent continuer à diriger leurs réseaux depuis leur cellule », a-t-il insisté.
Avec 1 600 recrutements supplémentaires dans la justice prévus en 2025, le ministre affirme vouloir garantir que chaque peine prononcée soit exécutée, pointant du doigt une justice parfois perçue comme laxiste. Les mesures annoncées par Gérald Darmanin marquent une volonté de frapper fort, mais leur mise en œuvre dépendra des moyens alloués, laissant planer des doutes sur leur efficacité réelle.
