D’après le Sénat, la France est « submergée par le Narcotrafic »
Ce mardi, la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic a rendu son rapport tant attendu, révélant des conclusions inquiétantes sur l’ampleur de la corruption en France. Le rapport met en lumière le rôle crucial de la corruption, notamment parmi les policiers et les élus, dans le maintien et l’expansion des réseaux de narcotrafic.
Le sénateur Jérôme Durain, à la tête de la commission, a mené une enquête approfondie, comprenant 73 auditions impliquant 175 personnes et 7 déplacements à travers le pays, y compris des visites à Seine-Saint-Denis, Le Havre, Verdun/Commercy, Valence, Dijon/Le Creusot/Lyon, Marseille, et Anvers. Selon le sénateur, un sursaut est nécessaire pour sortir du piège du narcotrafic qui enserre de plus en plus de territoires en France.
Les trafiquants de drogue contrôlent des cités entières grâce à des filières bien structurées. Ils réussissent à corrompre des élus, des policiers et même des magistrats avec des milliers d’euros. Récemment, la corruption a même pénétré les murs du palais de justice, avec deux greffières faisant l’objet d’enquêtes pour avoir aidé des trafiquants de drogue.
Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, confirme l’ampleur du phénomène : « Chaque personne a un prix et les moyens de ces trafiquants sont quasiment infinis. » Le 11 avril dernier, la police des stupéfiants à Marseille a été perquisitionnée par la police des polices, une action rare qui témoigne de la gravité de la situation. À Rouen, un policier a été condamné pour avoir rendu des services aux dealers, illustrant une tendance préoccupante où les trafiquants ciblent les fonctionnaires les plus vulnérables financièrement.
Le rapport souligne que le chiffre d’affaires du narcotrafic en France oscille entre 3 et 6 milliards d’euros annuels, touchant l’ensemble du territoire. La production mondiale de drogue atteint des niveaux sans précédent, et les trafiquants se montrent de plus en plus puissants et adaptables. La drogue est désormais omniprésente et à bas coût, ce qui exacerbe le problème.
Les propos d’Étienne Blanc, rapporteur de la commission, révèlent deux réalités distinctes mais inquiétantes. D’une part, il met en lumière la situation préoccupante et souvent oubliée dans les territoires d’Outre-mer, caractérisée par l’organisation de réseaux, la circulation d’armes et l’augmentation des homicides. D’autre part, il souligne le cynisme des narcotrafiquants pour qui la prison ne représente qu’un « accident du travail », une menace de moins en moins dissuasive. De plus, la capacité à gérer des opérations de trafic depuis l’intérieur des établissements pénitentiaires ajoute une complexité supplémentaire à la lutte contre le narcotrafic.
Les sénateurs proposent la création d’un parquet national anti-stupéfiant : Sur le modèle de l’antiterrorisme, ce parquet serait spécialisé dans la lutte contre le narcotrafic, permettant une coordination plus efficace des efforts judiciaires. La Transformation de l’Office anti-stupéfiantsen une version française de la DEA américaine est également une proposition, Ainsi l’OFAST serait dotée une véritable autorité sur les services d’enquête et des moyens à la hauteur de l’ambition. Cela inclut un pouvoir d’évocation pour se saisir des affaires les plus lourdes et complexes.
Pour remporter la guerre contre le narcotrafic, la France doit également mener une bataille sans relâche contre la corruption et le blanchiment d’argent. Cela nécessite une mobilisation conjointe de la police, de la justice et du renseignement financier. Lutter contre un blanchiment endémique est essentiel pour restituer à l’État les fruits des activités illicites.
Le rapport de la commission du Sénat sonne l’alarme : la France est en proie à un narcotrafic qui s’enracine de plus en plus profondément grâce à la corruption. Des mesures drastiques et une coordination accrue sont indispensables pour sortir du piège du narcotrafic et restaurer l’intégrité des institutions.