Daniel Cohn-Bendit propose François Bayrou comme Premier ministre pour former une coalition

Entrevue 1

Face à l’impasse politique actuelle en France, Daniel Cohn-Bendit dans une interview au Point, ex-leader des Verts, propose une solution radicale : nommer François Bayrou comme Premier ministre. Cette idée, développée avec Zaki Laïdi, professeur à Sciences Po Paris, a été présentée dans une note confidentielle adressée à Emmanuel Macron et à François Bayrou. Selon Cohn-Bendit, Bayrou serait le mieux placé pour former une coalition gouvernementale capable de sortir la France du blocage institutionnel.

La constatation d’une crise politique profonde

Cohn-Bendit souligne que la France est plongée dans une crise politique en grande partie due à la dissolution non préparée initiée par le président Macron, qui a conduit à une défaite électorale. Selon lui, Macron, en s’obstinant à vouloir rester maître du jeu politique malgré sa perte de contrôle, a aggravé la situation. Il critique également le refus de Macron de nommer Lucie Castets, candidate du Nouveau Front populaire (NFP), comme Première ministre après les élections, ce qui aurait pu clarifier les rapports de force au Parlement.

L’hypothèse Bayrou : une solution pragmatique

Cohn-Bendit et Laïdi voient en François Bayrou un « vieux renard politique » capable de composer un gouvernement de personnalités fortes, tant de centre gauche que de droite, sans ambition présidentielle pour 2027. Selon eux, Bayrou pourrait naviguer habilement dans le contexte actuel pour éviter la censure du gouvernement et pour faire passer des réformes cruciales, telles que l’introduction de la proportionnelle dans la loi électorale, libérant ainsi la gauche de l’obligation de s’allier à La France insoumise.

Un Premier ministre préfigurateur ?

L’idée serait de nommer Bayrou comme Premier ministre, mais avec une phase de transition où il agirait en tant que préfigurateur, une pratique courante en Belgique ou aux Pays-Bas. Durant cette période, Bayrou constituerait un gouvernement de coalition avant d’être officiellement investi. Cohn-Bendit insiste sur le fait que Bayrou, en tant que membre de la majorité sortante, pourrait être un interlocuteur crédible pour les forces du centre gauche et du centre droit.

La nécessité de compromis politiques

Cohn-Bendit désapprouve l’idée de François Hollande selon laquelle une alliance avec le centre serait inefficace. Pour lui, dans un contexte où aucune majorité absolue n’est possible, le compromis est indispensable. Sans cela, prévient-il, la France risque de continuer à naviguer dans le brouillard politique, renforçant par là même la montée en puissance de Marine Le Pen.

Un nouvel élan ou une gestion de l’impasse ?

Selon Cohn-Bendit, il ne s’agit plus de donner un nouvel élan au quinquennat de Macron, mais plutôt de sortir la France de l’impasse actuelle. Bayrou aurait, selon lui, l’autonomie nécessaire pour assurer une fin de mandat qui ne soit pas « un canard boiteux ». Outre la question du budget et de la réforme électorale, il serait également crucial que la France continue de jouer un rôle central dans les grands dossiers européens et internationaux, notamment concernant l’Ukraine et le Moyen-Orient.

Dans un contexte où les forces politiques traditionnelles peinent à s’entendre, la proposition de Cohn-Bendit de faire appel à François Bayrou pourrait bien être une des rares solutions capables de redonner à la France une direction politique claire, au moins jusqu’à la fin du quinquennat.

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