Dans son nouveau documentaire Dahomey, Mati Diop plonge au cœur du retour des 26 trésors royaux béninois, pillés par les troupes coloniales françaises en 1892 et restitués à leur terre d’origine en 2021. Ces œuvres, considérées comme des symboles de l’histoire du Royaume du Dahomey, sont au centre de ce récit mêlant réalité et imaginaire. Diop donne vie à ces objets d’art en les faisant « parler » en langue fon, à travers le texte du poète haïtien Makenzy Orcel, tout en capturant leur parcours depuis le musée du Quai Branly jusqu’au Bénin. La cinéaste explore ainsi la dimension historique et symbolique de cette restitution, allusion puissante aux ravages de l’esclavage et du colonialisme.
Le film, couronné de l’Ours d’or à la Berlinale, s’attarde sur l’impact de cette restitution, non seulement sur les œuvres elles-mêmes, mais aussi sur le peuple béninois. Les scènes poignantes de la réception des trésors au palais présidentiel de Cotonou montrent l’émerveillement des citoyens, notamment des plus jeunes, découvrant pour la première fois ces symboles de leur héritage. Cette opération de restitution est également enrichie par des débats animés entre étudiants de l’université d’Abomey-Calavi, qui interrogent les enjeux culturels, politiques et sociétaux liés à ce retour tant attendu.
Mati Diop réussit brillamment à capter l’essence de ce moment historique, tout en soulevant des questions plus larges sur la restitution des objets d’art africains pillés par les puissances coloniales. Dahomey est ainsi une réflexion profonde sur le poids du passé colonial et la quête d’identité culturelle dans un contexte de réparation historique.
Alice Leroy