Cyberharcèlement de Thomas Jolly: 3 à 8 mois de prison avec sursis requis contre les accusés

Entrevue 1

Un coup de sang, quelques clics et une tempête de haine en ligne. Face au tribunal correctionnel de Paris, sept prévenus âgés de 22 à 79 ans se retrouvent à répondre de leurs messages violents adressés au metteur en scène Thomas Jolly après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de 2024. Insultes, menaces de mort, propos homophobes et antisémites, tout y est passé, nourri par l’effet de meute et l’illusion d’impunité des réseaux sociaux.

Dans une lettre adressée à la cour, Thomas Jolly, absent à l’audience, rappelle l’impact de cette vague de haine. En plein été 2024, les menaces reçues lui ont valu cinq jours d’incapacité temporaire de travail, marqués par des troubles du sommeil et de l’anxiété. La présidente du tribunal, devant deux imposants volumes de captures d’écran des messages incriminés, dresse le décor. La lecture d’une poignée de ces invectives suffit à plonger la salle dans un silence pesant.

À la barre, les prévenus se succèdent et invoquent, presque tous, l’impulsivité. Le premier dit avoir été heurté par la mise en scène du tableau Festivités, qu’il a perçue comme une parodie blasphématoire de la Cène. « J’ai réagi sous le coup de l’émotion », explique Antoine C., étudiant en droit, qui ne réalise qu’aujourd’hui l’ampleur du cyberharcèlement collectif auquel il a participé. Léo J., en voyage au Pérou au moment des faits, avoue avoir été « profondément choqué » par l’apparition d’un trouple dans la cérémonie. Son message, associant une corde à une réparation, lui vaut aujourd’hui de se justifier devant la justice.

D’autres assument avec plus de maladresse. Pierre H., agent d’entretien, confesse avoir cédé à la colère face à ce qu’il considère comme une atteinte à sa foi. Lucien T., 76 ans, est un habitué des messages haineux. Quatre fois banni de la plateforme X, il revendique une critique sans filtre de « tout le monde ». En garde à vue, il minimisait encore : « Les vieux s’ennuient, il faut bien les occuper. »

Seule Cécile B., sexagénaire en proie à des problèmes de santé, semble réellement accablée par ses actes. Elle assure ne plus se souvenir du message envoyé, se confond en excuses et peine à contenir son émotion face au tribunal.

Le ministère public a requis des peines allant de trois à huit mois de prison avec sursis. Pour deux prévenus, un stage de citoyenneté et une suspension temporaire de leurs comptes en ligne ont également été demandés. Une audience où l’impulsivité, invoquée comme ligne de défense, s’est heurtée aux conséquences bien réelles d’un clic irréfléchi.

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