Le président argentin Javier Milei fait face à une vague de plaintes après avoir relayé sur X une cryptomonnaie qui s’est brutalement effondrée, provoquant des pertes colossales pour des milliers d’investisseurs. Accusé de « crypto-arnaque » par l’opposition péroniste, il se défend en affirmant qu’il n’a fait que « diffuser » l’information sans en faire la promotion. Cette affaire, qui a suscité des réactions jusqu’aux États-Unis, met en lumière les risques liés aux spéculations sur les devises numériques et fragilise la crédibilité du chef de l’État.
Lancé dans un discours ultralibéral et technophile, Milei justifie son message comme un soutien à l’innovation et au financement des PME de la tech. Pourtant, le $LIBRA a généré des gains fulgurants pour une poignée d’opérateurs avant de s’écrouler, laissant derrière lui un sentiment de manipulation. Selon une plainte déposée par une ONG, plus de 40 000 personnes auraient été lésées, avec des pertes estimées à 4 milliards de dollars. Une juge fédérale et un procureur ont été saisis pour centraliser les enquêtes en Argentine, tandis qu’aux États-Unis, une demande d’investigation a été transmise au département de la Justice.
Face à la tempête politique, la présidence argentine a annoncé l’ouverture d’une enquête interne via le Bureau anticorruption pour déterminer s’il y a eu une faute de la part du gouvernement. Si l’opposition réclame une procédure pouvant mener à une destitution, cette issue semble peu probable : un tel processus nécessiterait une majorité des deux tiers à la Chambre des députés, un seuil inaccessible dans la configuration actuelle du Parlement.
Sur le plan économique, l’affaire a provoqué une forte chute de la Bourse de Buenos Aires, qui a enregistré une baisse de 5,58 % lundi. Certains analystes estiment que ce scandale a entamé la confiance autour de Milei, bien que son socle électoral reste solidement ancré sur sa politique de lutte contre l’inflation. L’épisode pourrait toutefois compliquer ses futures réformes, alors qu’il s’apprête à se rendre aux États-Unis pour participer à la grand-messe des conservateurs américains à Washington.
Si le président argentin minimise l’ampleur du scandale, reconnaissant simplement une « gifle » médiatique, il n’en reste pas moins confronté à un dilemme : renforcer son image de libéral décomplexé ou tenter de restaurer une crédibilité ébranlée par cette controverse financière. L’opposition, elle, ne manquera pas d’exploiter cette brèche dans les mois à venir.
