Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, confronté à une crise politique majeure, a présenté des excuses publiques ce samedi pour sa tentative controversée d’imposer la loi martiale, sans toutefois annoncer sa démission. À quelques heures d’un vote crucial au Parlement sur sa destitution, des manifestations massives sont attendues à Séoul.
Une tentative de coup de force avortée
Mardi soir, Yoon Suk Yeol a surpris la nation en décrétant la loi martiale, une première depuis les années 1980. Il a déployé des troupes et des hélicoptères autour du Parlement pour tenter de verrouiller l’institution. Mais malgré le siège militaire, les députés ont réussi à se rassembler, contrecarrant sa tentative en votant contre la loi martiale dans une nuit riche en tensions. Sous pression, le président a dû annuler sa décision aux premières heures de mercredi.
Dans une allocution télévisée, Yoon a reconnu avoir causé “inquiétude et désagréments” à la population. Il a expliqué que sa décision visait à “protéger la Corée du Sud des menaces communistes nord-coréennes”, mais il s’est excusé pour l’anxiété générée. Toutefois, il n’a pas répondu aux appels à la démission, y compris au sein de son propre parti.
Une opposition déterminée, un parti divisé
Le Parlement, dominé par l’opposition, doit se réunir ce samedi pour voter une motion de destitution. La coalition d’opposition dispose de 192 sièges sur 300, et seulement huit voix supplémentaires parmi les 108 députés du Parti du pouvoir au peuple (PPP) suffiraient pour atteindre la majorité des deux tiers requise. Un député du PPP a déjà annoncé qu’il soutiendrait la motion.
Face à la situation, Han Dong-hoon, le chef du PPP, a déclaré que la démission du président était “inévitable” pour éviter une nouvelle crise politique. “L’exercice normal des fonctions présidentielles est devenu impossible dans ces circonstances”, a-t-il affirmé.
Des manifestations massives sont prévues à Séoul ce samedi, les organisateurs espérant rassembler jusqu’à 200 000 personnes. Vendredi soir, malgré le froid, 15 000 manifestants s’étaient déjà réunis dans le quartier de Yeouido, où se trouve le Parlement. Certains ont passé la nuit sur place pour exprimer leur opposition au président, tandis que les députés de l’opposition ont campé dans l’hémicycle pour prévenir toute nouvelle tentative de coup de force.
Une popularité au plus bas
La tentative de Yoon d’imposer la loi martiale a ravivé les souvenirs douloureux des régimes autoritaires en Corée du Sud, ternissant encore davantage son image. Un sondage Gallup publié vendredi montre que sa cote de popularité a plongé à 13 %, un record de faiblesse depuis son entrée en fonction en 2022.
Le président est désormais sous enquête pour insurrection, tandis que les observateurs attendent le verdict du Parlement. En cas de vote favorable à la destitution, Yoon serait suspendu de ses fonctions dans l’attente d’une décision de la Cour constitutionnelle. Si la destitution est confirmée, une élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours suivants, avec le Premier ministre Han Duck-soo assurant l’intérim.
Les alliés de la Corée du Sud, dont les États-Unis, suivent la situation avec attention. Washington n’a pas publiquement exigé le départ de Yoon, mais le secrétaire d’État Antony Blinken a affirmé qu’il espérait voir “le processus démocratique l’emporter”. Cette déclaration souligne la préoccupation internationale face à une crise politique inédite dans un pays considéré comme un modèle de démocratie stable en Asie.