En Corée du Sud, la crise politique atteint son paroxysme alors que Yoon Suk-yeol, président suspendu de ses fonctions mais encore officiellement en poste, continue de résister à son arrestation. Ce mandat, émis par un tribunal de Séoul, pourrait être exécuté d’ici le 6 janvier prochain. Il s’agit du premier cas dans l’histoire du pays où un président en exercice est visé par une telle mesure judiciaire.
Yoon Suk-yeol est accusé de « rébellion » et d' »abus de pouvoir » pour avoir tenté d’imposer la loi martiale le 3 décembre dernier. Lors de cet épisode, il avait mobilisé l’armée pour encercler le Parlement, tentant d’étouffer l’opposition. Cependant, les députés ont réussi à contrer ce coup de force en adoptant une motion révoquant la loi martiale, soutenus par des milliers de manifestants prodémocratie. Cette tentative avortée a conduit à sa destitution par le Parlement le 14 décembre.
Une résistance acharnée
Depuis, Yoon Suk-yeol n’a cessé de défier les autorités. Retranché dans sa résidence officielle du quartier de Hannam à Séoul, il a ignoré trois convocations consécutives des enquêteurs du Bureau d’enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations. La garde présidentielle empêche également toute perquisition, invoquant le secret-défense.
Face à cette situation, un important dispositif policier a été mis en place autour de la résidence. Partisans et détracteurs du président se confrontent quotidiennement, séparés par des barrages de policiers. Yoon Suk-yeol, dans une lettre adressée à ses partisans, a réaffirmé sa volonté de « se battre jusqu’à la fin pour protéger la nation ». Ses propos ont été qualifiés de « délirants » par l’opposition, qui l’accuse d’incitation à la violence.
Le mandat d’arrêt, qui expire le 6 janvier, reste difficile à exécuter. Les autorités doivent surmonter plusieurs obstacles : la garde présidentielle et la mobilisation de ses partisans. De plus, l’équipe juridique de Yoon a déposé un recours pour faire annuler le mandat, arguant qu’il est « illégal et invalide ». Le chef du CIO a averti que toute entrave à l’arrestation pourrait entraîner des poursuites.
Une crise institutionnelle sans précédent
Pendant ce temps, le pays est plongé dans une crise politique inédite. Le Premier ministre Han Duck-soo, qui assurait l’intérim de la présidence, a été à son tour destitué par le Parlement. Les pouvoirs présidentiels sont désormais exercés par le ministre des Finances, Choi Sang-mok, qui tente de stabiliser la situation.
La Cour constitutionnelle, quant à elle, devra statuer sur la destitution de Yoon d’ici la mi-juin. Si elle invalide la destitution, Yoon retrouvera automatiquement ses fonctions, ce qui pourrait accentuer les divisions dans le pays. Cette période d’instabilité met en lumière les fragilités des institutions sud-coréennes face à une tentative de coup de force par le sommet de l’État.