Crise en Géorgie : Salomé Zourabichvili appelle l’Europe à agir face aux dérives autoritaires

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La présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, a exprimé mercredi son indignation face à la lenteur de réaction de l’Union européenne concernant la crise politique qui secoue son pays. S’exprimant devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg, elle a exhorté l’Europe à prendre des mesures plus fermes pour soutenir les aspirations démocratiques des Géorgiens.

Depuis les élections législatives contestées du 26 octobre, remportées par le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, la Géorgie traverse une crise politique majeure. Accusé d’autoritérisme et de proximité avec Moscou, le gouvernement a décidé fin novembre de suspendre jusqu’en 2028 les discussions sur l’adhésion à l’UE, provoquant une vague d’indignation.

« L’Europe a tardé à réagir », a déploré Salomé Zourabichvili, qui refuse de quitter ses fonctions comme prévu le 29 décembre tant que des élections libres et transparentes ne seront pas organisées. Elle a rappelé que les drapeaux européens sont interdits à Tbilissi, alors que des milliers de citoyens manifestent chaque soir dans tout le pays pour dénoncer les dérives du pouvoir en place.

« Alors que les Géorgiens affrontent la répression pour défendre les valeurs européennes, Bruxelles et Washington doivent répondre avec des actions concrètes. Attendrons-nous une crise plus profonde pour agir ? », a-t-elle interrogé, sous les applaudissements des eurodéputés.

La présidente géorgienne a également appelé l’Europe à combattre la désinformation et à soutenir la tenue de nouvelles élections. Son intervention intervient dans un contexte tendu, après que Mikheïl Kavelachvili, un fidèle du Rêve géorgien, a été désigné comme futur président par un vote controversé, boycotté par l’opposition et jugé illégal par Zourabichvili.

Depuis plusieurs semaines, les rues de Tbilissi et d’autres villes sont le théâtre de manifestations massives. Les protestataires, majoritairement pro-européens, accusent le gouvernement de ramener le pays dans l’orbite de la Russie, mettant en péril son avenir européen.

« La chute de la Géorgie sous le contrôle de Moscou aurait des conséquences stratégiques majeures, notamment pour la sécurité de la mer Noire et pour l’avenir européen de régions voisines comme l’Arménie », a prévenu Salomé Zourabichvili, ancienne diplomate française. En réponse, la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a affirmé que l’UE restait solidaire du peuple géorgien. « Notre porte restera toujours ouverte pour la Géorgie et ses aspirations européennes », a-t-elle déclaré.

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