L’année 2024 a été un sombre tournant pour la crise du logement en France, avec 735 personnes mortes dans la rue, un record en douze ans. Selon le rapport publié lundi par la Fondation pour le logement des défavorisés, 350 000 personnes sont aujourd’hui sans domicile, un chiffre en hausse de 145 % depuis 2012. Chaque soir, 5 000 à 8 000 personnes, dont 1 000 à 3 000 enfants, sont refoulées par le 115 faute de place en hébergement d’urgence.
L’année 2024 est qualifiée de « presque blanche » en termes de politique du logement, marquée par « l’attentisme et le renoncement » du gouvernement. La Fondation déplore l’absence d’un ministre du Logement capable de prendre des décisions structurantes pendant sept mois. Les rares mesures adoptées, comme l’extension du prêt à taux zéro et la défiscalisation des donations immobilières, sont jugées « inégalitaires et peu écologiques ».
Le rapport fait état de 100 000 personnes expulsées de lieux de vie informels tels que squats et bidonvilles, un autre record qui illustre l’aggravation de la crise. Parallèlement, les demandes de logements sociaux ont explosé, atteignant 2,8 millions de ménages fin 2024, tandis que les logements disponibles diminuent, accentuant la tension sur le marché immobilier.
La Fondation appelle à un « changement de cap », demandant une relance massive de la construction de logements sociaux et l’amplification de mesures de régulation, notamment via un encadrement généralisé des loyers. Parmi les priorités figure également la lutte contre la précarité énergétique, qui touche aujourd’hui 12 millions de personnes, avec 30 % des ménages ayant eu froid chez eux en 2024.
Le tableau est d’autant plus inquiétant que le nombre d’interventions pour impayés a franchi pour la première fois la barre du million, entraînant coupures de gaz et d’électricité. Pour Christophe Robert, délégué général de la Fondation, il est urgent de rééquilibrer les priorités entre relance économique et urgence sociale. « Ce n’est plus un simple grippage, c’est une crise qui exige des solutions radicales. »
