Le 25 juillet dernier, le ministère des Affaires étrangères algérien a exprimé sa « profonde désapprobation » envers la décision de la France de soutenir le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara occidental, qualifiant cette décision d’« inattendue, inopportune et contre-productive ». Cette réaction souligne l’escalade des tensions entre Alger et Paris, mettant en péril des relations diplomatiques déjà fragiles entre les deux pays.
La question du Sahara occidental, ex-colonie espagnole, divise depuis longtemps le Maroc, qui contrôle 80 % du territoire et propose un plan d’autonomie, et les indépendantistes sahraouis du Front Polisario, soutenus par l’Algérie, qui demandent un référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU. Le soutien français à la proposition marocaine menace d’aggraver les tensions dans la région et de perturber les relations entre la France et l’Algérie.
En effet, la situation s’est intensifiée suite à la confirmation par l’Élysée, le 30 juillet 2024, que le président Emmanuel Macron a officiellement reconnu la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental. Cette reconnaissance a été communiquée dans une lettre adressée au roi du Maroc, Mohammed VI, à l’occasion de la fête du Trône. Macron y précise que « le présent et l’avenir du Sahara Occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine » et que le plan marocain d’autonomie de 2007 constitue désormais « la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable et négociée » conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette position de la France, alignée sur celle de Rabat, a été perçue comme une menace par Alger. L’Algérie accuse la France de torpiller les efforts de l’envoyé personnel de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, et d’agir de manière contraire à ses responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité. En 2022, l’Algérie avait déjà suspendu ses relations diplomatiques et les liaisons aériennes avec l’Espagne après que celle-ci eut soutenu le Maroc sur cette question.
La décision française pourrait non seulement renforcer les tensions avec Alger mais aussi avoir des répercussions sur la visite d’État prévue du président algérien Abdelmadjid Tebboune en France en septembre. La France se trouve ainsi dans une position diplomatique délicate, devant jongler entre le maintien de relations équilibrées avec l’Algérie et le Maroc tout en répondant aux réalités géopolitiques actuelles. Les conséquences de cette reconnaissance pourraient être significatives, incluant des sanctions économiques ou une nouvelle rupture des relations diplomatiques avec l’Algérie.
La situation reste volatile, avec des implications potentielles pour la stabilité régionale et les relations internationales. Un effort diplomatique accru sera nécessaire pour éviter une crise prolongée et rechercher des solutions pacifiques au conflit du Sahara occidental.