Crise diplomatique entre la France et l’Algérie : Gérald Darmanin s’attaque aux passe-droits de la nomenklatura algérienne

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Dans un contexte de tensions croissantes entre la France et l’Algérie, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé ce dimanche 12 janvier vouloir supprimer un accord intergouvernemental de 2013 qui permet aux détenteurs de passeports diplomatiques algériens de voyager en France sans visa. Une mesure symbolique et stratégique qui vise à répondre fermement à la série de provocations algériennes.

Une réponse ferme aux provocations algériennes

Cette annonce intervient dans le sillage de l’affaire « Doualemn », un influenceur algérien de 59 ans, interpellé à Montpellier après la diffusion d’une vidéo incitant à la violence. Expulsé vers l’Algérie le jeudi 9 janvier, l’homme a été immédiatement renvoyé en France, Alger ayant refusé de l’accueillir sur son territoire. À son retour, il a été placé en centre de rétention administrative, où il attend son procès prévu pour le 24 février.

Face à cette situation ubuesque, le gouvernement algérien n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué au ton particulièrement virulent, Alger a dénoncé une expulsion « arbitraire et abusive », tout en accusant la France de mener une « campagne de désinformation » dirigée par « l’extrême droite revancharde et haineuse ».

Gérald Darmanin n’a pas mâché ses mots pour défendre la souveraineté française. Selon lui, l’accord de 2013, qui autorise les détenteurs de passeports diplomatiques algériens à circuler librement en France, doit être supprimé. Cette mesure viserait directement les élites algériennes, souvent accusées d’entretenir des relations ambiguës avec la France tout en adoptant une posture hostile à l’égard de Paris.

« Il est temps de mettre fin à ces privilèges qui permettent à la nomenklatura algérienne de bénéficier d’une totale liberté de mouvement en France, tout en menant des politiques visant à humilier notre pays », a déclaré M. Darmanin lors d’un entretien sur LCI. Le ministre a également insisté sur la nécessité d’un respect mutuel entre les deux pays : « La France doit respecter l’Algérie, mais l’Algérie doit respecter la France. Cette humiliation qu’on cherche à nous faire subir n’est pas acceptable. »

Un signal fort envoyé à Alger

Les relations franco-algériennes, déjà marquées par des désaccords historiques, se sont considérablement dégradées ces derniers mois. L’affaire « Doualemn » n’est que le dernier épisode d’une longue série de frictions. Parmi les points de discorde, on note également l’arrestation récente à Alger de Boualem Sansal, un écrivain franco-algérien âgé de 75 ans, gravement malade.

Les autorités françaises, tout en réaffirmant leur volonté de maintenir un dialogue avec Alger, semblent néanmoins prêtes à adopter une posture plus ferme. L’ancien Premier ministre Gabriel Attal avait déjà suggéré de « dénoncer » l’accord franco-algérien de 1968, qui confère aux Algériens un statut particulier en matière de circulation et d’emploi en France. Gérald Darmanin a abondé dans ce sens, qualifiant cet accord de « quelque peu obsolète ».

En ciblant directement les passe-droits de l’élite algérienne, Gérald Darmanin souhaite envoyer un signal fort : la France ne se laissera plus intimider par des manœuvres qu’elle considère comme hostiles. Cette initiative marque une étape décisive dans la volonté du gouvernement français de reprendre le contrôle de sa politique migratoire et de réaffirmer sa souveraineté face à une Algérie qui, selon certains observateurs, instrumentalise ses relations avec Paris pour des enjeux internes.

Alors que le procès de « Doualemn » approche, le ministre de la Justice a réitéré la détermination de la France à protéger ses institutions et ses citoyens : « Nous sommes un État souverain, et nous ne céderons pas face à des provocations répétées. » Une déclaration qui illustre la volonté du gouvernement français de ne plus subir, mais d’agir.

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Journaliste, chroniqueur et producteur, Radouan Kourak est un passionné d’histoire et de politique. Il se distingue par son goût pour l’analyse, le débat, le pluralisme et la confrontation d’idées. Repéré par Cyril Hanouna, il est un habitué des plateaux de C8 et CNews, où il intervient avec conviction et réflexion. Il apporte dans les médias, une perspective unique nourrie par sa passion pour la France et son souci de rigueur.

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